Un verre

Messages : 9 Date d'inscription : 01/09/2010

Il n’avait peut-être pas assez réfléchi. Ou alors, pas assez longtemps. C’était quelque chose que son frère lui reprochait souvent. Il aurait été fort dommage de le faire dans cette situation. Mais il fallait se rendre à l’évidence, cette fille lui plaisait beaucoup et ce même s’il ne la connaissait que depuis quelque jours et qu’ils ne s’étaient pas rencontrés dans les meilleures circonstances. Elle avait l’air toute gentille et … et puis zut à la fin, ce n’était pas le genre de ressenti auquel on devait trouver des raisons. C’était comme cela et puis c’était tout, point. Alors certes, son invitation n’avait pas été très à propos au moment où il l’avait lancé mais maintenant c’était fait. Elle avait accepté, il allait bien voir ce que cela donnerait.

William avait choisi un petit bar dans le centre de Dublin, le genre peu connu à la fois des touristes et des habitants. Le genre tellement vide qu’on se demandait comment faisait les propriétaires pour subvenir à leur besoin. Le genre parfait quand on voulait être au calme. Et le jeune homme voulait être au calme. Au début, il avait pensé à des coins un peu plus branchés, avec plus de musique et moins de table en bois. Mais au final, après une discussion avec son frère où il avait appris pas mal de choses intéressantes, il avait préféré cet endroit plus tranquille. Tant pis, ou tant mieux, ce serait à voir.

Maintenant qu’il y repensait, il espérait ne pas poser de problème à la jeune fille. Déjà qu’elle avait semblée gênée par l’invitation, mais ça c’était relativement normal, il ne fallait pas oublier qu’il était le frère de son employeur. Ce n’était déjà pas très commun en temps normal mais là, on ne parlait pas de n’importe quel employeur. Au courant du rendez-vous, Const’ n’avait fait aucun commentaire mais cela ne voulait pas dire qu’il ne se méfiait pas. En réfléchissant à tout cela, Will se mordillait les lèvres, le regard dans le vague, attendant que son invitée arrive.

Voilà, c’était le jour J. Accompagnée d’un stress épouvantable, Miyu’ se dirigeait d’un pas lent vers le point de rendez-vous. Un petit bar calme dont elle ne connaissait même pas le nom, qui semblait, selon les propos de son frère qui lui avait dessiné un rapide plan, déserté par les clients depuis longtemps. Tant mieux, au moins, elle ne risquait pas de tomber sur un visage connu.

Le temps était humide et lourd, et à seulement quelques rues du fameux bar, selon le plan approximatif de son aîné, la jeune fille commença à craindre pour ses vêtements. Il ne manquerait plus qu’elle arrive trempée jusqu’aux os, histoire d’être une fois de plus ridicule devant le frère de son patron. Après tout, le dicton disait « Jamais deux sans trois ». Elle espérait juste que cette troisième fois n’arriverait pas aujourd’hui.

Vêtue d’une robe noire et blanche, comme à son habitude, elle s’autorisa cependant une touche de couleur dans ses cheveux, détachés, je tiens à le dire, vu la rareté de la chose, à l’aide d’une discrète rose rouge. Maquillage très léger, à peine visible, mais qui ajoute une touche de féminité, ainsi que chaussures noirs très sobres, s’associant remarquablement bien avec le reste de la tenue. Ni bracelet, ni boucle d’oreille, ni bague. Uniquement un collier caché sous sa robe.

Après s’être trompée de rue une fois, elle vit enfin le bar. A ce moment précis, elle regretta plus encore qu’avant d’avoir accepté. De quoi allaient-ils bien pouvoir parler ? Combien de temps cela allait-il durer ? Était-elle vraiment prête à passer du temps avec un quasi inconnu ? De toute façon, elle n’avait pas vraiment le choix. Elle n’allait pas le laisser seul dans ce bar tout de même ! Elle devait se comporter en grande fille et accepter son sort.

Abordant son plus beau sourire, elle poussa la porte du bar, ses yeux balayèrent la pièce rapidement avant de se poser sur William. Il n’était pas dur à remarquer. Déjà parce qu’il n’y avait vraiment pas beaucoup de clients, mais aussi parce qu’il était le seul jeune de la pièce. D’un pas qui se voulait assuré, elle s’avança vers lui et s’arrêta à quelques pas.

- Bonjour, pardon d’être en retard, j’ai eu du mal à trouver l’endroit…

L’excuse était pitoyable. Mais vraie.

Ps : Passage de la première à la troisième personne : Pas fais exprès,
m'en suis rendu compte qu'à la fin, du coup j'ai laissé comme ça.

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Tiré de sa réflexion par la voix de Miyuki, le jeune homme cessa aussitôt de se mordiller les lèvres pour se retourner vers l’origine de ce son. Elle était venue finalement, il en avait presque douté. Non pas parce qu’elle était en retard, ce n’était pas quelque chose de rare chez les jeunes filles, un genre de tradition consistant à se faire désirer, mais surtout parce que les circonstances de l’invitation n’avait pas été très normal. Enfin, elle était là, c’était bien. Il en restait presque bouche-bée, la détaillant rapidement du regard : sa robe lui allait extrêmement bien. En fait, c’était tout simplement magnifique. Mais William savait se tenir alors il réussit à conserver un air normal, un sourire s’affichant sur son visage alors que ses yeux gris avisaient la rose rouge plantée dans les cheveux sombres. L’habillement de la jeune fille était plutôt complexe, cela lui faisait presque honte lui qui n’avait pris qu’un jean sombre et un t-shirt blanc avec un col plutôt échancré. Oui, peut-être aurait-il dû mieux y réfléchir.

Mais ce n’était pas le moment de se soucier de cela, se rendant compte de son léger oubli, le jeune homme se leva rapidement. Tirant précipitamment une chaise à Miyuki comme le galant homme qu’il se devait d’être.

- Bonjour ! Ne vous en faites pas, aucun problème. Je comprends parfaitement, cet endroit n’est pas très connu. Asseyez-vous, je vous en prie.

Il attendit qu’elle le fasse pour s’asseoir à son tour et c’est à ce moment-là qu’il se rendit compte qu’il avait oublié quelque chose. Elle avait demandé à passer au tutoiement la dernière fois mais il ne l’avait même pas fait. Et à bien y regarder, deux jeunes de leurs âges qui se parlaient ainsi, cela faisait un peu ridicule. Son frère pouvait se permettre ce genre d’excentricité, il était riche et avait un air extrêmement noble en toute circonstance. Mais pour Will, c’était tout à fait différent. Donc : comment aborder ce sujet ? Il décida de faire cela plus tard, continuant sur sa lancée pour le moment en lui présentant la petite carte du bar.

- Tu … Vous prenez quelque chose ?

D’accord, c’était raté pour cette fois. Les joues du jeune homme rosirent suite à son erreur, un sourire gêné apparut et, comme à chaque fois, il remit une de ses mèches en place.

- Euh … Du coup, on se vouvoie ou tutoie ?

Une fois assise, Miyuki se sentit plutôt mal à l’aise. William, plus habillé que la dernière fois, avait fait dans la simplicité. Et même si elle avait toujours porté ce genre de robe, elle se demanda l’espace d’un instant si ce n’était pas décalé, inadapté à la situation, trop voyant sans doute… Tant pis, elle se sentait bien dans ces vêtements, n’était-ce pas là l’important ?

Une fois la carte en main, Miyu la scruta quelques instants. Elle n’avait pas spécialement soif, et chercha quelque chose de simple et léger. Quand la voix de William s’éleva, elle fixa son regard dans le sien avec un sourire. Était-ce si dur pour lui de tutoyer quelqu’un de son âge ? Remarque, elle ne pouvait pas dire grand-chose, puisqu’elle vouvoyait la plupart des personnes qu’elle connaissait.

- Tutoyons-nous, ce sera plus simple.

Dis-t-elle en lui souriant bêtement, les joues rosées. Pour ne pas laisser le silence s’installer, Miyu reprit instantanément la parole.

- Je vais prendre un jus d’orange je pense. Et toi ?

Reposant la carte, elle attendit sagement que William fasse son choix, se contentant de poser les coudes sur la table et sa tête sur ses mains jointes. Il dégageait un charme certain, et tout semblait être fait pour qu’elle ne puisse plus décoller son regard de son visage. De ses cheveux jusqu’à son torse, en passant par ses yeux, ses lèvres, son cou… Mais il fallait bien qu’elle s’en détache, elle ne pouvait pas bouffer du regard le frère de son patron, ça ne se faisait pas vraiment…

Une fois la commande passée, Miyuki plongea dans un silence embarrassé et embarrassant, espérant que William prendrait bien vite la parole. Qu’allaient-ils bien pouvoir se dire ?

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- Un jus d’orange ? D’accord, parfait.

Le jeune homme souriait doucement, reprenant la carte en main pour la parcourir du regard longuement. Cela lui permettait de regarder autre chose que la ravissante fille en face de lui, depuis qu’elle s’était assise, il n’avait fait que la contempler. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus poli, ni de plus correct en fait. Pourtant, durant les quelques secondes que durèrent sa réflexion, ses pupilles grises quittèrent plusieurs fois la carte des yeux, revenant sur la jeune femme qui semblait occupée à le regarder, sans doute le trouvait-elle long à la détente pour quelqu’un qui aurait dû savoir ce qu’il y avait de proposé. Non, il devait arrêter de se faire des délires paranoïaques comme ça, elle le regardait simplement parce qu’il aurait impoli de regarder ailleurs.

- Je vais prendre un jus d’orange aussi en fait.

Voilà, un choix simple, en plus il ne faisait pas confiance au reste des jus de fruits. Il reposa la carte sur la table et interpella un vieux serveur pour prendre leur commande. William n’avait donc plus aucune échappatoire, il se devait de regarder la jeune fille dans les yeux. Il avait quelque chose à lui dire, quelque chose qui ne lui plaisait pas beaucoup et qui ne lui plairait sans doute pas à elle non plus. Et donc, bien évidemment, il n’avait aucune idée de comment exprimer cela. Comment à chaque fois qu’il réfléchissait, le jeune homme se mordilla les lèvres mais il arrêta rapidement, comprenant vite que ce tic pouvait paraître un peu impoli.

Ne sachant pas quoi faire de ses mains, il les croisa au milieu de la table, l’air un peu gêné.

- Hum … Miyuki. Il fallait que je vous dise quelque chose. Mon … frère. Il sait ce qu’il s’est passé la … dernière fois. *son teint rosit un peu plus en reparlant de ce moment* Il y avait des caméras. Je suis désolé, je ne le savais pas.

Spoiler:

Elle avait espérer qu’il entame la conversation. Maintenant que c’était chose faite, elle n’avait qu’une envie, c’était oublier ce qu’il venait de dire… Des caméras… Des fichues caméras ! A l’inverse de William qui avait rougit, Miyuki, elle, blêmit, tant soit peu qu’elle puisse être encore plus blanche que d’habitude. Pourquoi eut-il fallu qu’il parle de cela dès les premières minutes ? Elle ne se sentait déjà pas très à l’aise à la base, si en plus il fallait qu’il parle de son frère… Voilà qu’elle lui en voulait. Pourquoi ? Après tout, lui n’y était pour rien. Mais la peur et le doute firent qu’elle le jugea responsable de sa situation actuelle. Elle ne dit mot et vérifia autour d’elle que personne ne les écoutait. Ce n’était pas une conversation à proprement parlé secrète, mais elle préférait que le son de son échec n’atteignent pas les oreilles de curieux. Elle évita soigneusement le regard de William, et ne cessa de se répéter dans sa tête qu’il n’y était pour rien. Les trente secondes qui suivirent furent employé à essayer de paraître embarrassée plutôt que fâchée. Tâche difficile, mais elle eut pourtant l’impression que ce n’était pas trop mal.

Il était à présent sûr, du moins pour elle, que Constantin allait la virer. Triste fatalité qui lui faisait face. Qu’allait-elle devenir ? La probabilité qu’elle trouve une société ou un particulier qui serait susceptible de l’embaucher avoisinait le zéro. Quand les boissons arrivèrent, elle posa ses mains de part et d’autre du verre et resta un instant immobile, ses yeux fixés sur son jus d’orange dont elle n’avait pas envie. Pourquoi déjà avait-elle accepté de venir ici ? Ah oui… William.

Jugeant que le silence avait assez régné, elle leva doucement les yeux vers lui. Elle décerna une faible lueur d’embarras dans ses yeux d‘un gris envoûtant, mais n’en teint pas compte. Elle avait tout un tas de question à lui poser, et n’avait donc pas de temps à perdre avec des constats purement inutiles.

- Constantin vous a demandé de me communiquer d’autres messages ?

Car oui, elle était persuadée que son patron avait laissé partir son frère vers ce point de rendez-vous, non sans quelques directives. Après tout, le fait que celui-ci voit son propre frère comme un simple larbin n’était pas du tout impossible. Aussi, peut-être allait-elle se faire renvoyer ici même, dans ce bar semi abandonné. Sa voix aux résonances glaciales s’éleva à nouveau, suivant de prêt sa précédente question.

- Est-ce que vous êtes chargé de me renvoyer ?

Elle n’avait pas pour habitude de parler si froidement aux gens. Lorsqu’elle eu terminé sa phrase, elle baissa la tête et rougit légèrement. Elle hésita à s’excuser, mais n’en fît rien, continuant d’une voix plus douce, triste et faible.

- Dites-le tout de suite, je ne supporterais pas un quelconque suspens.

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William Khir n’était pas aussi doué que son frère quand il s’agissait de décrypter les pensées des gens rien qu’en les observant. Mais il put tout de même constater que Miyuki était passée par toute une palette de sentiments avant de lui répondre. Il la comprenait un peu, ce n’était pas le genre de nouvelles à laquelle ses anciens patrons devaient l’avoir habitué. Constantin n’était pas vraiment comme les autres. Elle avait l’air énervée, probablement contre lui, elle-même, peut-être un peu Const’, c’était difficile à dire. En tout cas, elle prit son temps pour réagir, c’était bien, elle ne voulait pas s’énerver à priori. William préférait que ça se passe calmement. Sa première question était logique : elle croyait que c’était Constantin qui lui avait demandé de transmettre cette information. Ce n’était pas vraiment le cas même s’il ne doutait pas que son demi-frère soit parfaitement conscient qu’il allait lui raconter.

- Non, il n’a rien dit d’autres. A vrai dire, je crois qu’il ne tenait pas particulièrement à ce que vous sachiez ça.

Sa deuxième question fut beaucoup plus froide et agressive mais William la pardonna instantanément en comprenant ce qu’il venait de se passer. Miyuki était persuadée que Constantin allait la virer par sa faute, on pouvait alors comprendre qu’elle prenne peur et veuille savoir tout de suite ce qui allait advenir. Le jeune homme ne pouvait donc pas la laisser penser ceci aussi longtemps, d’un geste rassurant qui lui vient naturellement, il posa une de ses mains sur les siennes.

- Non non ! Pas du tout ! Ne vous en faites, ce n’était pas du tout ce que voulait mon frère. Je n’aurais accepté de faire ça en plus !

Il avait semblé outré, comme si cette simple idée lui aurait été mauvaise.

- Constantin voulait vous donner un genre de … leçon. Je suis vraiment désolé, il est assez spécial. Il ne veut pas vous renvoyer, ne vous en faites pas.

- Vous êtes sûr ?

Miyuki venait tout juste de recevoir un sceau d’eau gelé en pleine figure que déjà, le preux chevalier William la réchauffait de ses mots. Sauvée, la voilà sauvée ! Toujours en danger, vu qu’elle avait sans aucun doute déçu le génie qu’était son patron, mais encore embauchée. Ca irait, elle se rattraperait. Normalement. Elle soupira rapidement de soulagement, et ferma les yeux l’espace de quelques secondes, cinq tout au plus, pour calmer les battements de son cœur. William venait de lui dire que Constantin ne voulait pas la renvoyer. Comme le monde était beau.

Elle fût cependant contrainte de les rouvrir très vite, revenant de manière brusque dans la réalité. Instinctivement, son regard se posa sur la main de William qui s‘était posé sur celle de la jeune fille. Sur le coup, elle n’y prêta pas attention, trop occupé à stresser en attendant la réponse du jeune homme. Mais maintenant, elle s’en rendait très clairement compte, puisque son regard se fixa dessus, un air gêné taillé dans son visage. Elle pensa à retirer ses mains. Elle amorça même un geste pour se débarrasser de l’emprise. Mais ses yeux remontèrent vers le visage de William et, attirés comme des aimants, se plantèrent dans ses iris grises. Son cœur s’emballa et elle resta là, à le fixer, à subir son geste de bienveillance sans broncher. Il fallait qu’elle se reprenne, et vite.

Elle retira ses mains, ce qui eut le don de mélanger un sentiment de soulagement et un de frustration, pour les poser sur son verre, verre qu’elle porta à ses lèvres. Elle bu trois grandes gorgées, pour le plus grand plaisir de sa gorge et son estomac, puis reposa sur la table de bois un récipient à moitié plein. Ce ne fût qu’après cela qu’elle reprit la parole.

- Mais s’il ne voulait pas que je le sache, pourquoi est-ce que vous m’en parlez ?

Un sentiment bizarre s’empara ensuite d’elle. Une question lui traversa l’esprit et la mit mal à l’aise. Est-ce que William avait prit la peine de mettre au courant son frère de ce rendez-vous ? Si oui, qu’allait en penser le patron ? Il fallait qu’elle ai les réponses à ces questions. Cela lui permettrait sans doute de mieux appréhender un potentiel rendez-vous, d’ordre purement professionnel cette fois-ci, avec Constantin, qui devait sans doute avoir beaucoup de chose à lui dire. Mais comment demander sans paraitre indiscrète ? Elle avait bien une idée mais elle ne lui sembla pas excellente. Peut-être trop prétentieuse comme question. Mais tant pis, elle n’avait, pour l’instant, que ça sous la main.

- Ca ne pose pas de problème à Constantin ce rendez-vous ?

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Elle avait l’air infiniment soulagée. William ne savait pas exactement en quoi consistait le boulot qu’elle accomplissait pour son frère mais il avait l’air d’une importance capitale pour elle. Peut-être demanderait-il à Constantin d’y aller doucement, en espérant qu’il l’écoute bien évidemment, elle avait l’air gentille et ne méritait sans doute pas de s’inquiéter comme ça pour si peu de choses. Lorsqu’elle demanda s’il en était sûr, il savait que c’était sous le coup de la surprise, elle avait cru qu’elle serait renvoyée et se retrouvait finalement sauvée. Const’ avait dû lui faire une impression forte, et assez effrayante, comme toujours, pour qu’elle s’effraie ainsi aussi vite. Même si la question était plus pour la forme que pour obtenir une véritable réponse, le jeune homme s’empressa de la rassurer.

- Oui, oui. Ne vous en faites pas, vraiment. Constantin ne vous renverra pas.

Elle avait fermé les yeux, probablement pour reprendre son calme. Il ne l’interrompit pas, attendant patiemment qu’elle les rouvre pour les fixer sur lui. Miyuki avait l’air gênée, pendant un instant il ne comprit pas. Et puis, il baissa son regard sur ses mains et découvrit qu’il avait gardé celles de Miyuki entre les siennes. Il rosit légèrement, se rendant compte que son geste rassurant était peut-être un peu trop appuyé. Il la vit qui s’apprêtait à retirer ses mains et ne s’en offusqua pas, d’où sa surprise lorsqu’elle les garda finalement à leur place. Il releva les yeux pour découvrir le même regard gris intense qui le fixait, son rosissement s’accentua à peine. Elle était très jolie, vraiment. Il se passa quelques secondes avant qu’il ne se passe à nouveau quelque chose. Comme s’ils avaient tous deux bugués au même instant, restant à se fixer sans rien dire avec un petit sourire idiot. Néanmoins, ce moment avait été très loin d’être désagréable.

Enfin, elle retira ses mains pour boire et William replia ses bras, comme gêné de ce qu’il venait de faire. Il se demanda ce qu’elle en pensait mais le regard gris ne dévoilait rien, il tâcha donc de ne pas montrer son incompréhension, la regardant tout de même du coin de l’œil. Sa question lui donnait une occasion en or de se reprendre et il la saisit sans hésiter. Un sourire beaucoup plus confiant s’afficha sur ses lèvres.

- Je ne travaille pas pour mon frère, je ne suis donc pas obligé de faire tout ce qu’il me dit.

Il eut un léger rire puis son visage reprit un air plus sérieux, sa voix se faisant plus basse au même instant.

- Et puis, je me suis dit que, connaissant mon frère, vous risquiez de vous tracassez pour cette histoire alors qu’il valait mieux que vous sachiez, tout simplement.

La prochaine question fut tout aussi surprenante pour le jeune homme. Mais il comprenait maintenant ce qu’éprouvait Miyuki, elle s’inquiétait pour son travail tout simplement. Sans doute était-il encore plus important que ce qu’il imaginait, soit parce qu’elle aimait cela, soit parce que le salaire de Const’ était particulièrement élevé. Ou bien les deux. Toujours est-il qu’il n’y avait pas de quoi se vexer si ce rendez-vous prenait une tournure très professionnelle, il devait simplement calmer l’inquiétude de la jeune femme. Qu’elle cesse de penser aux implications que tout ceci pourrait avoir sur son travail. C’est pourquoi le jeune homme affichait un très léger sourire alors qu’il entamait son explication.

- Vous savez, mon frère s’en fiche un peu, de ce que vous faites durant votre temps libre. Enfin, tant que cela ne met pas en péril votre travail ou le sien, bien évidemment. Il considère ce rendez-vous comme faisant parmi de votre vie privée, et de la mienne. Vous n’avez aucune inquiétude à vous faire.

Puis, il ajouta avec un sourire revenu, plus confiant.

- Bien sûr, s’il devait m’arriver malheur, vous risqueriez d’avoir quelques problèmes. Mais ce ne serait que dans le cas où vous décideriez de me faire du mal. Et vous n’êtes pas si méchante, si ?

Conclut-il avec un air à demi effrayé presque réussit.