Artemis Fowl RPG
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 La nuit, tous les chats sont ...

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Constantin Ducomte

Constantin Ducomte


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MessageSujet: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeDim 12 Juin - 1:34

Il était étonnant de constater comme l’atmosphère d’une ville pouvait se refroidir rapidement par la faute d’un seul attentat. Pourtant, les New Yorkais devraient en avoir l’habitude, ils habitaient la ville occidentale la plus touchée, ou en tout cas, celle qui subissait le pire. Que ce soit dans la réalité ou au cinéma. New York n’était-elle pas la ville que tous les monstres existants avaient envahie au moins une fois ? N’était-elle pas celle qui subissait de plein fouet toutes les catastrophes naturelles imaginables dans un scénario, correct ou non ? Si, bien sûr que si. Pourtant, il semblerait que dès que la réalité les rattrapait, la noirceur saisissait les américains. Même les panneaux publicitaires collés sur chaque mur semblaient plus ternes depuis que l’Empire State Building s’était effondré. Au début, le français avait soupçonné que cela soit dû à la poussière propagée par le nuage mais on lui avait assuré que la ville avait été nettoyée pour éviter tout risque de maladie des poumons. Ils semblaient donc que ce soit simplement l’atmosphère générale de la ville qui soit grisâtre. Plus que d’habitude, évidemment.

Si des habitants, sans doute peu concerné par le devenir de leur pays en temps normal, comme la quasi-totalité des gens normaux, déprimaient pour cela ; Constantin n’osait imaginer dans quel état il allait trouver Lee Underfall. Il savait la jeune femme particulièrement attaché à son pays et elle l’était sûrement encore plus à ses symboles. Or, l’Empire State était, de tous, le plus grand et le plus impressionnant, sa chute devait signifier comme une petite mort pour la jeune fille. C’était d’ailleurs pour cela qu’il avait attendu deux semaines pour revenir la voir et parler affaire. A l’origine, le rendez-vous fixé était quatre jour après l’attentat mais vu les évènements, le français avait déplacé ceci. Il fallait laisser le temps à l’américaine de s’en remettre. Au départ, il avait pensé un mois mais on parlait de Mademoiselle Underfall, elle devrait se remettre rapidement tout de même. A présent, le temps était écoulé et le jeune homme était de retour à New York, dans l’hôtel où il avait rencontré ce génie pour la première fois. Lui aussi, il semblait plus triste. Mais là, ça pouvait s’expliquer facilement : bizarrement, les touristes venaient moins à New York depuis quelques temps, probablement parce qu’ils avaient un monument de moins à visiter. Ou peut-être tout simplement parce qu’ils avaient peur d’un nouvel attentat, comme si c’était possible. Les terroristes étaient un peu comme la foudre, ils frappent deux fois au même endroit mais avec un large intervalle de temps entre les deux. Une peur irraisonnée donc qui avait le mérite de vider un peu les hôtels et celui-là ne faisait pas exception à la règle. Le mérite parce que Const’ appréciait cela, moins de gens, c’était moins de risque de contact, moins de risque de contact, c’était mieux pour lui.

Sans perdre plus de temps en pensée, il se dirigea résolument vers l’accueil, tentant de faire résonner le moins possible sa canne lorsqu’elle frappait le carrelage. C’était difficile compte-tenu du silence hallucinant qui enveloppait la pièce. Enfin silence, c’était relatif mais en comparaison de ce qu’on entendait d’habitude dans un tel hall, c’était un véritable silence. Le français avait ses habitudes ici, c’est pourquoi il reconnut facilement la réceptionniste. Ce qui n’était évidemment pas une bonne raison de lui parler différemment qu’à n’importe quelle autre personne. Il lui demanda simplement la chambre où résidait Mademoiselle Underfall et avertit qu’il ne resterait sans doute pas très longtemps. La 264 donc. Quelques étages plus haut, il faudrait donc prendre l’ascenseur. Après un remerciement poli, le jeune homme traversa le hall dans un nouveau silence de mort pour rejoindre la boîte métallique vide qui lui permettrait d’atteindre son objectif. En fait, c’était définitif, la ville entière était traumatisée par ce qui s’était déroulé, c’était palpable jusque dans l’air recyclée qui sortait des bouches d’aérations. Cela en devenait presque oppressant. Evidemment, pour quelqu’un comme Constantin, ce n’était presque rien, tout juste une légère gêne au moment où les portes s’ouvrirent, sans plus.

Par chance pour lui, la porte de la chambre n’était pas loin de l’ascenseur, il s’y était donc rendu en quelques pas rapides. C’est là qu’il s’arrêta quelques temps, pour réfléchir un peu. Enfin, beaucoup en fait parce qu’il ne fallait que deux dixièmes de seconde au jeune homme pour réfléchir un peu. Lui était plutôt content d’être là, de revoir Lee. Il adorait discuter avec elle, pas besoin d’explication, de longs discours, tout était tellement … évident pour les deux. Elle avait une touche de folie un peu rafraichissante, bien que très étrange il fallait l’admettre. Et à présent, ils avaient un projet commun dont ils pourraient sans doute discuter un très long moment. Mais pour cela, il lui faudrait une Lee qui soit en forme. Or, il y avait un fort risque qu’elle soit tout simplement traumatisée elle-aussi par les derniers évènements. Et si c’était le cas, comment gérerait-il cela ? Ce n’était pas son truc de s’occuper de consoler les gens, même si c’étaient des génies. Alors quoi ? Peut-être que c’est justement les affaires qui l’amenaient qui permettraient à la jeune femme de se changer un peu les idées. Oui, avec un peu de chance, ce serait ça. Légèrement rassuré en son fort intérieur, le français frappa trois coups sur la porte de la chambre.
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Lee
Tarée de Chicago
Lee


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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeDim 12 Juin - 2:46

Lee ne séjournait pas dans cette chambre-ci, d'habitude. Mais l'autre chambre donnait sur une jolie terrasse entretenue par des paysagistes maniaques , celle-là donnait sur l'Empire State Building. Du moins, ce qu'il en restait. Un tas de cendres avec des gens qui s'agitaient autour comme des fourmis inutiles. Un nouveau Ground Zero, en quelque sorte. Un trou noir abominable, une étendue désolée, qui pompait toute l'énergie, la joie, les espoirs des américains. Et le pire, c'était que ça ne pouvait décemment pas être une étendue à rayer de la carte. Il fallait lui offrir une sépulture, comme à tout cadavre vénérable ; Dieu savait qu'il était vénérable, ce cadavre-là. Il s'agissait du géant le plus aimé des États-Unis. Le père bienveillant de l'Amérique.

La jeune surdouée secoua la tête et tira brutalement les rideaux. Elle avait assez regardé par la fenêtre pour aujourd'hui. Elle avait certes des tendances masochistes, pour avoir demandé cette suite et pas une autre, mais pas à ce point-là. Il y avait un autre facteur que la vue qui l'avait décidée. Les murs de la deux-cent soixante-quatre étaient gris. Et dans l'esprit de l'américaine, depuis deux semaines, tout était devenu gris. C'était comme si une araignée morbide avait insidieusement tissé une toile incassable tout le long de son cerveau, la laissant assombrie, altérée. Affaiblie ? Certainement pas. Très peu de choses seraient capables d'affaiblir Lee Underfall, pour ne pas dire rien. Tout avait tendance, au contraire, à la renforcer. Et à rajouter à son capital surexcité naturel. Résultat : depuis deux semaines, Lee tournait dans sa suite diplomatique comme une lionne en cage.

Écartèlement. Étripage. Strangulation. Lapidation. Grillade. Criblage. Égorgement. Bref : vengeance. Vengeance ! Elle ne pensait plus qu'à ça. Retrouver les êtres abjects qui avaient commis cet acte impardonnable, et leur faire regretter leur naissance. Les rayer de la carte, éliminer jusqu'à la plus petite trace de leur existence sur cette planète . . . elle ne trouvait même pas de mots pour décrire ce qu'elle voulait leur faire subir. A côté de ses projets, un Némésis revenait à une attaque par chatouilles. Depuis qu'elle était sortie de l'hôpital – rien que la pensée de l'hôpital lui arrachait un frisson, elle n'avait même pas eu le loisir d'éprouver de la tristesse. La colère avait tout dévasté, laissant ses neurones à vif, des souvenirs épouvantables du géant agonisant exhortant davantage ses synapses enragées.

Et c'était mauvais pour elle. Ses médecins lui avaient strictement déconseillé de se laisser aller à des envies de meurtre ; au vu de ses antécédents, ce n'était pas une bonne chose. Or c'était justement ce qui se passait : Lee ne se laissait pas aller à la dépression générale, mais elle se débattait comme une forcenée, et se noyait dans une tempête d'énergie formidable qui la dépassait. Il lui arrivait de trembler de façon incontrôlable, de casser tout ce qui lui tombait sous la main – les femmes de chambre avaient dû par trois fois changer le vase d'inspiration japonaise posé sur la table de la salle à manger. Elle se mordait la lèvre, souvent jusqu'au sang. Et la vue du sang l'énervait d'avantage. Son insomnie revenait au galop, beaucoup plus prononcée. Sa consommation de café explosait tous les chiffres jamais enregistrés par l'hôtel. Elle passait des matinées entières à se gaver de viennoiseries pour parer ses envies mortelles de cigarette.

Le plus petit événement pouvait engendrer chez Lee un fou rire de tous les diables, tout comme il pouvait occasionner un regard noir et un murage dans le silence le plus total. Le personnel de l'hôtel craignait déjà cette étrange cliente auparavant, mais son instabilité nouvelle les plongeait dans une vraie terreur. Et Lee ne s'en rendait pas compte, parce que toutes ses journées, elle les passait à échafauder des plans tordus pour des morts douloureuses. Écartèlement. Étripage. Strangulation. Lapidation. Grillade. Criblage. Égorgement . . .

Elle en avait presque oublié son rendez-vous avec Constantin. Qu'il l'aie retardé lui avait fait plaisir tout d'abord – c'était gentil de sa part, mais elle s'était vite rendue compte que c'était une mauvaise idée. Elle avait besoin d'action. D'autre chose que tout ce gris. Elle saturait, elle était proche de l'explosion, et mieux valait pour son entourage que l'explosion soit simplement intellectuelle ; peut-être alors la mènerait-elle à quelque chose. Au fond d'elle, elle espérait que Constantin apporterait une bouffée d'air dans cette chambre étouffante, dans ce quartier maudit où elle s'était entêtée à rester. Un air étranger, pas un air américain ; l'air américain ne valait plus rien. Il était contaminé par la cendre, encore présente dans les esprits ; par les cris de panique, la lourdeur de l'atmosphère. New-York était encore en plein orage. Lee sentait qu'il lui fallait s'aérer l'esprit, et vite.

Aussi, quand les trois coups retentirent à la porte, sauta-t-elle littéralement de joie. Ses yeux reprirent un semblant de brillance. Elle était certes encore un peu pâle, ses cheveux étaient décoiffés comme au saut du lit, mais son poignet bandé était savamment caché par les longues manches de son traditionnel pull blanc. Sio lui en avait acheté un autre, le dernier ayant tragiquement disparu deux semaines auparavant . . . elle n'y pensa pas, et ouvrit la porte avec une violence presque effrayante. Son sourire était de retour, le français le méritait bien.

- Constantin ! Bien le bonjour, je vous attendais ! Entrez, entrez donc ! Vous avez fait bon voyage ?


Dernière édition par Lee le Dim 12 Juin - 17:07, édité 1 fois
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Constantin Ducomte

Constantin Ducomte


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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeDim 12 Juin - 12:41

Temps d’attente : environ 3 secondes. Apparemment, l’américaine était encore en forme, ou très près de la porte … Le Français pariait plutôt que le fait qu’elle était en forme. Cela se confirma d’ailleurs à l’instant même où elle ouvrit la porte, l’énergie qu’elle avait mis dans ce simple geste était caractéristique : elle était motivée. Elle souriait d’ailleurs, resplendissant sourire mais pas un gros indice sur son état d’esprit. Cela pouvait tout aussi bien être un moyen de se donner une contenance, d’ailleurs son teint semblait un peu plus pâle que la dernière fois qu’il l’avait vue. Ses yeux sombres brillaient toujours autant d’intelligence en revanche. Ses longs cheveux étaient décoiffés mais cela ne donnait pas forcément un résultat laid, cela devrait avoir son charme. Mais bien sûr, ce n’est pas le genre de pensée qui effleura l’esprit du jeune homme, ou alors uniquement pendant quelques centièmes de seconde. Peut-être qu’elle venait tout juste de lever, ou peut-être qu’elle ne s’était tout simplement jamais couchée ? C’était la seconde option que Constantin avait retenue, elle semblait beaucoup plus réaliste. En quelques dixièmes de seconde, les yeux vairons du français avait fait le tour, mémorisant chaque détail de Lee, on ne voyait aucune blessure mais le garçon s’étant informé, il devinait la présence d’un bandage au poignet de la jeune femme. Il se garderait bien de faire le moindre commentaire à ce propos, si elle tenait à le cacher, ce n’était pas pour rien.

Elle l’accueillait avec un grand sourire, il aurait été particulièrement impoli de la part du jeune homme de ne pas le lui rendre. Et il ne serait pas dit que Constantin Ducomte s’était montré impoli, jamais. Aussi, un petit sourire anima rapidement les lèvres fines du français alors qu’il s’inclinait comme à son habitude.


- Bonjour, Lee. J’ose espérer que je n’arrive pas au mauvais moment.

A percevoir l’enthousiasme dans les paroles de la jeune femme, cela ne pouvait pas être le cas. En fait, ils ne s’étaient pas fixés d’heure précises et Constantin s’était contenté de filer à l’hôtel dès qu’il en avait eu l’occasion. Aussi, il ne pouvait pas arriver trop en avance ou trop en retard mais de toute façon, il était évident que le plus important pour Lee était qu’il arrive, peu importe le moment où il arrivait. Peut-être que son intuition était bonne finalement ; l’américaine avait besoin de se changer les idées, elle avait besoin de quelque chose de nouveau. Cette hypothèse se trouva confirmée quand le jeune homme passa à côté d’elle pour rentrer en clopinant lentement dans la pièce. Evidemment, la chambre était très grande mais ce qui intrigua le jeune homme, ce sont les fenêtres. De l’entrée, difficile de dire exactement sur quoi elle donnait exactement, surtout que les rideaux étaient tirés, mais connaissant l’immeuble et se souvenant de la direction qu’elles avaient, le français fit le lien facilement. L’ancien site de l’Empire State Building. Autant dire que peu de gens avait dû demander à avoir les chambres qui offraient cette vue, mais Lee oui. Sans doute pour veiller sur lui d’une certaine façon. Une chose était sûre : elle avait besoin qu’on lui change les idées, se morfondre sur le cadavre d’un bâtiment n’était jamais une bonne chose. Et Constantin était l’un des mieux placé pour dire qu’il ne fallait jamais se laisser absorber par le passé, avancer tout droit sans se retourner était parfois la solution la plus simple. Sa mission du jour consisterait donc à faire oublier un peu à Lee les évènements d’il y a deux semaines, pour l’heure, il se contenterait de répondre à sa question.

- Très bon, très bon, merci.

Et pour cause, même les avions étaient plus calmes depuis la catastrophe, on allait beaucoup moins à New York, forcément. Lee le devinerait facilement mais le jeune homme ne voulait pas lui laisser le temps d’y penser, c’est pourquoi il demanda aussitôt après.

- Excusez-moi, de quoi devons-nous parler déjà ?

Evidemment, le jeune homme s’en souvenait très bien : de bague, de templier et d’un Peuple ancien qui utilisait la magie et s’était réfugié sous terre. Un sujet tout ce qu’il y avait de plus normal pour des génies comme eux. Cependant, il devinait aussi qu’ils ne commenceraient pas tout de suite par ceci, il leur faudrait un peu de temps avant d’y venir. Le temps de faire chauffer leur cervelle, pas en se testant, c’était inutile, simplement en se … Reconnaissant. Et Constantin laissait galamment à Lee le choix du terrain.
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Tarée de Chicago
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeDim 12 Juin - 18:40

Ah, Constantin, Constantin. L'éducation à la française. Sa politesse à toute épreuve lui donnerait toujours envie de rire. Ce qui lui fit moins plaisir, ce fut sa réponse à sa seule question. Il s'agissait pourtant de la plus banale des réponses : il avait fait un très bon voyage, et c'était normalement satisfaisant. Mais Lee ne put pas s'empêcher d'y saisir un double-sens, et elle se doutait bien que Constantin y avait pensé après l'avoir dit. Évidemment, voyager dans un aéroport vidé pour moitié devait être reposant, surtout pour lui. Elle retint un soupir. Il ne fallait surtout pas montrer un quelconque relâchement, sourire, répondre du tac au tac. Elle le mettrait mal à l'aise s'il se rendait compte d'un affaiblissement, si léger soit-il. Lee était forcée d'admettre qu'elle n'avait pas confiance en la force de Constantin (si force il y avait), et qu'avec lui, elle avait toujours l'impression que c'était à elle de jouer le rôle de pierre angulaire. Si elle flanchait, il en serait déstabilisé. D'autant que ce n'était de toute évidence pas son genre de consoler les gens.
La réplique suivante la soulagea. Elle savait bien de quoi ils devaient parler, à l'origine : la bague, les intraterrestres, les chevaliers, et autres réjouissances du même registre. Quelques idées avaient déjà mûri dans son esprit à ce propos. Mais ils n'y étaient pas encore. La preuve ? Constantin n'avait pas tout de suite commencé sur ce thème. Il lui avait laissé la parole, ce qu'elle prit comme un acte très gentleman. Elle avait le champ libre. C'était une occasion en or de voir si son cerveau pouvait encore se sortir de la mélasse.
Qu'avait-elle lu, dernièrement ? Hors des considérations interminables sur les répercussions qu'auraient la chute de l'Empire State ?
- Eh bien, avant tout, détendons-nous ! Voulez-vous ? Pas mal de choses se sont produites. Votre avis à leur sujet m'intéresserait fort. Un moment !
D'un geste ample vers les fauteuils du salon, elle invita le français à s'assoir, et passa un bref appel au restaurant du rez-de-chaussé. Quand un serveur à la voix tremblante osa émettre un « Que puis-je pour vous, Miss Underfall ? », elle eut un rire léger.
- Un Earl Grey, des macarons et un café.
- Américain ?
- D'après vous ? Et un grand !
- Mais c'est votre troisième aujourd'hui . . .
- Qu'est-ce que j'ai dit ?
- Bien. ce sera fait dans . . .
- Deux minutes, pas plus ! Terminé.
Elle fit volte-face, avec le visage d'une enfant satisfaite, et se laissa tomber dans un grand fauteuil gris perle en se triturant les cheveux. Elle n'avait pas pris la peine de demander à Constantin ce qu'il voulait comme boisson, et pour cause : aux États-Unis, l'invité devait considérer comme un signe de haute estime d'être servi par son hôte. En général, c'était à l'invité de se débrouiller en se servant seul dans le frigo. Et puis, peu de personnes sensées cracheraient sur un Earl Grey offert de si bonne grâce.
Maintenant, le sujet de conversation. Les neurones de Lee se mirent en marche, et tels des milliers de petits rouages dociles, entraînèrent le mécanisme de sa mémoire. Remémoration, tri, synthèse. Il y avait certainement beaucoup d'évènements intéressants à citer. Elle se lança comme un plongeur à vingt mètres de l'eau, en français et par pur hasard ; c'était un trait caractéristique formidable des vrais génies : tout les intéressait, pour peu que la personne en face d'eux leur en donne une description précise. Pour peu que leur curiosité naturelle extrêmement développée soit titillée.
- Je pourrais commencer par la découverte de cette magnifique croix d'émeraude, au large des îles Canaries. Je compte bien assister aux enchères. Je l'ai vue de mes propres yeux, je peux vous dire que c'est une splendeur de finesse ! Elle aurait été sculptée vers 1500 par des bijoutiers espagnols. Cette pièce a dû représenter des mois de travail. C'est fou, ce que les croyants peuvent dédier à leur religion ! Ce qui est triste, c'est que ladite religion ne le leur rend pas assez, d'après moi. Il n'y a qu'à voir le dernier scandale de l'Eglise catholique : encore une affaire de pédophilie ! Sur un enfant de chœur, il en ont parlé il y a deux jours. Le Pape ne cherche même plus à démentir. C'est à cause de leur loi de célibat, j'en suis certaine : on devrait l'abolir, c'est une aberration. Les orthodoxes n'ont pas ce problème. Un jour, ces histoires accuseront le Pape lui-même, et je n'ose pas imaginer alors la réaction de la communauté chrétienne. Sans compter les victimes. Rien que d'y penser, ça me dégoûte. Comment des obsédés pareils peuvent-il avoir une telle puissance ? Il n'y a rien de logique là-dedans. J'ai de l'admiration pour les croyants qui restent fidèles malgré tout.
Lee se tut, histoire de faire une pause et de laisser la parole à son interlocuteur. Elle s'était emportée, une fois de plus ; peu importait.
Le serveur, un jeunot qu'elle avait souvent malmené, arriva avec un plateau d'argent ; il n'avait pas l'air bien fier. Il posa la commande sur la table basse en gardant le regard résolument baissé, s'inclina craintivement, et repartit en vitesse. Lee le soupçonna de se retenir de courir. Elle prit la tasse de café brûlant, un but une gorgée : pour une fois, il n'avait rien oublié. Il faudrait qu'elle lui dise quelque chose de gentil pour lui éviter l'insomnie, un de ces jours.
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Constantin Ducomte

Constantin Ducomte


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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeDim 12 Juin - 22:52

Comme prévu. C’était toujours beaucoup plus agréable de communiquer entre gens qui se comprenaient, d’autant plus quand ces gens-ci n’avaient pas besoin de parler pour le faire. C’était le cas avec Lee Underfall, il n’avait pas eu besoin de lui dire qu’ils attendraient avant d’évoquer la bague, il n’avait pas eu besoin de lui dire qu’il lui laissait le choix de parler de ce qu’elle voulait. C’était quelque chose qu’elle avait compris instinctivement, comme si leurs deux cervelles marchaient de manière identique. Voilà bien quelque chose dont le jeune homme n’avait que peu l’habitude, parlant plus souvent avec des êtres conçus comme « plus normaux ». Et c’est d’ailleurs la rareté du phénomène qui lui permettait de le savourer à sa juste valeur. Il accepta donc la proposition de Lee avec joie, se dirigeant tranquillement vers les fauteuils désignés en la laissant passer commande. Une coutume toute américaine que de choisir pour son invité. Enfin, d’une certaine façon, c’était là un moyen de prouver que l’on connaissait bien ses invités. Et surtout, dans le cas de Lee c’était certainement un signe d’estime qu’elle lui portait. Très éloigné de la conception française de la chose mais le jeune homme ne s’en plaignait pas. Il était en Amérique, il ferait comme la tradition locale l’exigeait. Il était d’ailleurs intimement persuadé que Lee respecterait la coutume française si elle devait un jour lui rendre visite dans son pays. C’était une jeune femme qui avait un minimum de sens de la politesse tout de même. En plus, elle avait commandé de l’Earl Grey, preuve de bon goût, il ne pouvait donc décemment pas cracher dessus. Constantin se contenta donc de s’asseoir et d’attendre son hôte avec un léger sourire tout ce qu’il y avait de plus noble, sa canne posé à côté de lui.

Le jeune homme ne parut pas surpris le moins du monde en voyant Lee s’affaler sur le canapé avec le visage d’une gamine joyeuse. C’était rafraichissant. Les yeux vairons suivirent un long moment les mouvements de ses doigts dans les longs cheveux sombres avant de fixer les yeux sombre de la jeune femme. Il pouvait presque sentir ses neurones fonctionner, elle cherchait un sujet de conversation. A ce qu’elle avait dit, elle parlerait de l’actualité, parfait. En fait, à bien y réfléchir, n’importe quel sujet aurait été parfait pour Constantin. A coup sûr, la conversation serait particulièrement intéressante. Et le français ne fut pas déçu, il ne dut attendre que quelque secondes avant qu’un flot de parole ininterrompu ne jaillisse des lèvres de l’américaine. Un débit rapide qui en aurait sans doute perdu plus d’un. Mais pas Constantin, évidemment pas. L’héritier Ducomte était à même de suivre sans aucun souci tout ce que la jeune fille prononçait. Et à vrai dire, pour une fois, il aurait presque souhaité que cela ne soit pas le cas. Si les premiers sujets n’arrachèrent pas une seule réaction au français, la pédophilie qu’elle évoqua brièvement eu des conséquences beaucoup plus importantes. Enfin, importantes pour ce jeune homme-ci. Autant dire que pour quelqu’un de normal, ce serait passé inaperçu. En quelques secondes, le teint déjà blafard du français blêmit un peu plus alors qu’un tic agitait son œil immaculé et que son léger sourire disparaissait. Lee put observer pendant un temps infime une légère contraction de la plupart de ses muscles. C’est comme si un sentiment de peur viscérale avait parcouru la pièce pendant un instant. Mais cela passa aussi vite que c’était arrivé. Le jeune homme reprit le contrôle de lui-même à l’arrivée du serveur. Il le remercia à demi-mot, en français, preuve qu’il n’était pas encore parfaitement remis. L’héritier était connu dans les hôtels pour rester d’une politesse exquise en toute circonstance et ce avec tout le monde, malgré le mépris qu’il portait à la plupart des gens. Il n’avait échappé qu’une fois à cette règle, cela ne se reproduirait plus.

Complètement calmé, le garçon ne prononça pas un seul mot, se saisissant simplement de la tasse de thé. Il était très chaud mais il le porta tout de même à ses lèvres, laissant une gorgée du liquide brûlant couler dans sa gorge pour le réveiller définitivement. Preuve ultime : son sourire reparut alors qu’il parlait d’une voix douce.


- Du Earl Grey, excellent choix ma chère. Merci beaucoup.

Il laissa un temps, prenant une nouvelle gorgée pour se détendre la gorge avant d’entamer sa réponse qui promettait d’être longue. Non seulement parce que Lee avait beaucoup parlé mais aussi parce qu’il comptait bien sur son flot de parole pour noyer la gêne qu’il avait eu tout à l’heure et que Lee avait très probablement perçue.

- Je suis assez d’accord avec vous sur la majorité des points que vous avez évoqués. Mais je ne pense pas assister aux enchères pour cette croix. Elle est magnifiquement ouvragée, je ne peux pas le nier. Mais cela ne m’intéresse guère. J’ai toujours été aussi surpris que vous : dépenser autant pour un symbole religieux. D’une certaine façon, cela me paraît parfois assez … indécent pour une religion qui prêche l’aide aux nécessiteux, la solidarité et la compassion. Mais comme vous l’avez si justement souligné, ce n’est pas la première contradiction de cette merveilleuse église.

On aurait sans doute trouvé contradictoire de voir un des êtres les plus riches de la planète reprocher à l’Eglise de trop dépenser son argent pour des choses futiles. Mais le jeune homme s’était assuré qu’on ne puisse pas lui faire de remarque à ce propos, une partie de la fortune Ducomte était chaque année distribuée à des œuvres caritatives. Constantin se souvenait d’ailleurs très bien du jour où on lui avait demandé pourquoi faire cela et qu’il avait répondu avec aplomb que c’était simplement pour avoir la conscience tranquille. Un moment mémorable. Mais qu’importe les souvenirs, il était temps de reprendre la parole.

- Non que je sois anti-religion. J’ai moi aussi beaucoup de respect pour les croyants même si j’ai parfois du mal à imaginer ce que c’est. Simplement, comme vous l’avez dit, il semblerait aujourd’hui que cette église ne soit plus adaptée au Monde Moderne. Il est temps pour elle de changer, abolir la règle du célibat pourrait être une très bonne idée. De la même façon, ouvrir la profession de prêtre aux femmes, je pense que ce serait une avancée remarquable. Après tout, l’égalité homme-femme, cela fait un moment que c’est au goût du jour tout de même.

Le jeune homme s’arrêta un moment, poussant un petit soupir comme si ce qu’il s’apprêtait à dire le dégoûtait au plus haut point.

- Vous avez dit que vous craigniez qu’un jour, une affaire de pédophilie de ce genre ne touche le Pape. Je vais vous paraître pessimiste mais … je ne serais pas étonné si l’on nous apprenait que c’est déjà arrivé mais qu’on a préféré le cacher justement pour éviter des répercussions monstrueuses sur le monde des croyants. En fait, c’est à se demander si ce sont les obsédés qui deviennent puissants ou si ce sont les puissants qui deviennent obsédés, enivré qu’ils sont par ce qu’ils ont acquis. L’église catholique aurait déjà dû réagir il y a longtemps de cela.

Nouveau soupir, le jeune homme baissa un instant les yeux.

- Enfin, elle n’a jamais été réputé pour sa vitesse de réaction hors du commun, n’est-ce pas ?
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Lee
Tarée de Chicago
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeLun 13 Juin - 0:48

Tiens, tiens . . . apparemment, elle n'était pas la seule à cacher un malaise, maintenant. Qu'est-ce qui avait pu être dit pour que Constantin perde son sourire ? Elle remarqua immédiatement son changement de couleur, la crispation de ses mains. Tout cela avait duré une fraction de seconde ; pour elle, c'était assez. Il n'y avait pas à se poser plus de questions là-dessus : Constantin venait de perdre son self-control de manière capitale. Restait à voir à cause de quoi. Là encore, le raisonnement prit moins d'une seconde. Il ne s'agissait ni de la croix, ni des enchères. Le français avait blêmi au mot 'pédophilie'. Intéressant. Y avait-il quelque chose . . . la peur ? Constantin Ducomte aurait-il eu peur, réellement peur, maintenant et sous ses yeux ? Elle s'empêcha de froncer les sourcils. Il ne fallait rien laisser paraître. Mais quand le serveur apparut et qu'il le remercia à peine – en français, elle eut la nette impression que le cas était grave.
- Mais de rien, de rien. J'étais certaine qu'il vous plairait. Un café à cette heure, c'est un peu fort, répondit-elle pour la forme.
Autant ne pas rappeler ce qu'elle buvait en ce moment-même. La contradiction était futile. Elle réfléchissait déjà à autre chose.
L'air de rien, ça l'altérait aussi, qu'il ait réagi de cette manière. Une histoire de pédophilie . . . elle se garda bien de creuser le problème sur place, de peur de perdre quelques précieuses secondes. Hors de question de mettre le sujet sur la table. Elle n'avait pas à plomber l'ambiance maintenant.
- Malheureusement, vous avez raison. L’Église est trop campée sur sa puissance acquise pour penser à changer. C'est vrai pour la loi du célibat. Quant aux femmes que vous mentionnez . . . n'en parlons même pas, ce sujet me plonge dans une colère profonde. Mon côté féministe qui se révolte, sans doute, acheva-t-elle avec un rire.
Lee reprit une gorgée de café, et croqua dans un macaron au chocolat. Ah, les macarons. Encore un délice que les français avaient inventé ; merci Lenôtre, pâtissier de Louis XIV. Il n'y avait rien à redire, leurs trouvailles gustatives dépassaient de loin celles de la plupart des autres pays. L'américaine n'aurait échangé une boîte de chez Ladurée contre aucun hamburger au monde. Elle mâchouilla avec ce détachement qui la caractérisait, pensive, comme seule dans la pièce. En vérité, elle ne cherchait pas un moyen de rebondir : elle l'avait déjà trouvé. Elle savourait tout bêtement l'exquise demi-amertume du cacao de Madagascar.
- Il est clair qu'un écart de conduite de la sorte venant du Pape risquerait de créer une faille sérieuse dans une Église déjà fragile . . . mais que voulez-vous, il y a des tabous qu'il serait réellement dangereux de briser dans la configuration actuelle de notre société. L'immunité pontificale en fait partie. S'il a été coupable d'une chose de ce genre, il en restera impuni. A mon sens, c'est ça, le pire : les monstres de ce genre qui vivent et meurent le plus naturellement du monde, sans que personne n'ait été là pour les punir de leurs ignominies.
Lee dit tout cela avec légèreté, détacha avec soin sa dernière phrase, et termina son macaron. Et pouf ! La perche était lancée. Elle ne s'attendait pas à ce que Constantin la prenne : elle tâtonnait, avec beaucoup d'audace certes, mais juste ce qu'il fallait pour tester sa réaction éventuelle. Et avec assez de finesse pour que le bénéfice du doute fasse son effet : elle n'avait fait aucune insinuation. Elle avait continué à donner son avis sur un sujet d'actualité, rien de plus. C'était une technique qu'elle utilisait très souvent ; et quel bonheur de jouer à ce jeu-là avec un cerveau peut-être égal au sien ! Un être commun se contenterait de répondre bêtement, là où lui chercherait s'il y avait autre chose avant de préparer une réplique. Si Constantin faisait un nouvel écart à son calme olympien, son hypothèse se vérifierait.
En attendant, l'air tout à fait naturel, Lee buvait son café. Elle ne quittait pas son interlocuteur des yeux, mais un regard nullement oppressant. Une simple invitation à répondre.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeLun 13 Juin - 1:50

Un coté féministe ? Constantin en serait presque étonné. Mais pour le coup, difficile de la contredire. De fait : le jeune homme était parfaitement d’accord avec elle, le comportement de l’église était encore trop souvent révoltant de nos jours. En particulier avec les femmes. Pour la famille Ducomte, qui avait bâti son empire financier sur les valeurs de la Révolution Française, c’était presque une tradition de faire honorer l’égalité. Et oui, pour ceux qui suivent un peu l’histoire de cette famille, vous apprendrez que la fortune a véritablement décollé à partir de cette époque. Comme quoi, l’adaptabilité, ça a du bon. Le jeune ne répondit cependant pas, ce n’était pas nécessaire, il avait déjà donné son avis sur le sujet. Il préférait observer Lee en attendant qu’elle ajoute quelque chose, parce qu’à la voir, il savait qu’elle ajouterait quelque chose. Comme ça, elle avait juste l’air de savourer un bon macaron, mais on ne pouvait tromper un génie, il sentait ses neurones carburer, elle réfléchissait à quelque chose. Il pouvait le sentir. Ou, en tout cas, elle préparait un truc.

Et la suite arriva. Très loin que ce qu’il avait espéré cependant. Il aurait voulu qu’ils passent rapidement à un autre sujet, plus à même de faire chauffer leurs méninges. Mais non, Lee Underfall tenait vraiment à parler de ce sujet en particulier. Comme par hasard. Evidemment, nous le disions précédemment : on ne trompe pas un génie. Constantin savait qu’elle savait. Ou plutôt, il devinait qu’elle se doutait de quelque chose. Et il n’aimait pas cela, vraiment pas cela. En même temps, c’était un secret qu’il avait pris beaucoup de soin à cacher, il ne le laisserait pas se faire dévoiler aussi facilement. Par chance, lui aussi était un génie. Il avait anticipé qu’elle risquait de se douter de quelque chose, c’est pourquoi, il s’était préparé avec soin à ce genre d’insinuation. Elle avait caché cela dans la conversation normale mais c’était presque trop évident. C’est pourquoi, cette fois-ci, il n’y eu nul blêmissement, aucun changement visible si ce n’est une très légère crispation au niveau de la mâchoire. Invisible pour un être normal. Mais encore trop voyant aux yeux du jeune homme. C’est pourquoi ce dernier se dépêcha de noyer cela en avalant tranquillement quelques gorgées de thé. L’Earl Grey avait légèrement refroidi depuis qu’ils avaient commencés à parler, il était maintenant parfait et le jeune homme prit donc tout le temps de le savourer avant de répondre avec calme.


- On ne peut qu’acquiescer. L’immunité injuste a toujours accompagnée les puissants et les puissances, cela n’a rien de nouveau. Même si cela a tendance à changer quelque peu de nos jours, le peuple s’est enivré de la notion de liberté et il en use beaucoup plus facilement. Un jour viendra où le moindre écart de conduite sera rendu public dans les secondes qui suivront. Reste à savoir si ce sera systématiquement une bonne chose. Mais il ne faut pas s’inquiéter. Ceux dont on vient d’apprendre les frasques seront punis, d’autres suivront.

Il ponctua sa phrase d’un léger sourire. Pour la personne qui lui posait un problème personnel, il s’était déjà assuré de la punition, alors il pouvait parler avec calme. Le français était plutôt content de lui, il avait conservé un calme magistral durant tout son discours, restant aussi posé que possible et sans que son corps ne transpire rien. Bien sûr, il existait toujours un risque que Lee perçoive sa crispation première mais il lui serait difficile de deviner la vérité à partir de là. Et bon courage à elle pour tirer les vers du nez de Constantin. Pour célébrer ceci, l’héritier Ducomte s’autorisa une nouvelle gorgée.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeLun 13 Juin - 3:46

Sa mâchoire avait bougé. Oh, presque rien, ce n'était même pas certain ; mais l’œil exercé de Lee l'avait repéré – ou du moins avait cru l'avoir repéré. Bingo. Si la nervosité du français avait baissé d'un cran, elle restait présente. Il y avait donc bien anguille sous roche, et Constantin ne semblait pas désireux de lever le voile. Ce qui irrita Lee. Elle n'aimait pas ne pas être au courant. Mais bon, il allait apparemment falloir qu'elle reste sur sa faim ; pour aujourd'hui du moins, car elle n'était pas du genre à abandonner facilement. Cependant, elle savait s'arrêter quand il le fallait, et elle sentit que c'était le moment. Un sourire étira ses lèvres.

- Oh, je ne m'inquiète pas. Après tout, ces frasques-là ne sont pas mes affaires, et j'ose espérer qu'elle ne le seront jamais, dit-elle.

Manière élégante de sortir de la situation par une double pirouette : d'une, le sujet 'déboires de la religion' était clos pour ce jour, de deux, elle se retirait sur un terrain qui semblait glissant pour Constantin, en attendant la prochaine occasion d'en savoir plus. Son propre fair-play l'étonnait, des fois. Mais qu'on ne s'y trompe pas : le français savait certainement que ce n'était que partie remise. Lee finirait par savoir cela aussi. Elle avait tendance à tout savoir de toute façon, peu importe le temps d'acquisition de ce savoir.

- Vous parlez de la 'notion de liberté' . . . je ne pense pas que tout le monde puisse s'en enivrer. Pour certaines personnes, il n'y a pas, et il n'y aura jamais assez de liberté. Elles chercheront toujours plus, mieux, en moins de temps. Et que ça soit du jamais vu.

Avait-elle l'impression de faire son autoportrait ? La transition fut rapide, amenée comme due.

- A ce propos, avez-vous vu ce qui est arrivé à Lukovic, le champion d'échecs ? Il s'est complètement monté la tête, il se croit le roi du monde. Imaginez : il y a deux jours, il a reçu son nouveau jeu d'échecs, de l'or massif ! Il avait du mal à soulever les pièces, on aurait pu tuer avec ! C'est d'ailleurs ce qu'il a failli faire quand j'ai enchaîné trois pats face à lui, alors qu'il brûlait de voir enfin une victoire complète. Je voulais simplement le titiller. C'est vrai, il se sentait assez déprimé après ce qui s'est passé ici . . . un de ses amis lointains y serait resté. Mais enfin, ce n'est pas une raison pour devenir mégalomane.

Elle se mordit la lèvre, tic devenu courant chez elle. Voilà que le sujet douloureux revenait. Elle ne pouvait pas s'empêcher, il fallait que ça déborde. La suite lui échappa de la même manière.

- Ce que je ne pourrai jamais pardonner, c'est ce comportement abominable qu'ont eu certains petits malins de la Bourse à ce moment-là. Les briques étaient encore en train de s'effondrer, et eux, ils se graissaient déjà les pattes.

Elle ne poursuivit pas. Si elle s'y risquait, il était fort probable que la tasse ne reste pas entière. Histoire de se calmer, elle enfourna encore un macaron. A la framboise, celui-là. La légère acidité chatouilla ses papilles et parvint à la distraire un instant. Elle retenta son substitut habituel à la colère : la mémoire. Se souvenir de choses qui n'avaient rien à voir, de choses compliquées. Le chiffre pi y était passé la veille. De la musique ? C'est ça, réécrire mentalement les partitions de Mozart. Bien, cela marcha . . . jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle retraçait le second aria de la Reine de la Nuit, dans la Flûte Enchantée de Mozart. 'Les flammes de la vengeance brûlent en mon cœur' . . . rien d'apaisant. En même temps, si même son inconscient s'y mettait . . .

Lee se reprit en vidant sa tasse d'un trait. L'arôme puissant du labellisé américain lui remit les idées en place.

- Pardonnez-moi, je m'écarte de ma pensée initiale. Ce café-ci doit être de trop.

Faux. Sans ce café-ci, justement, elle aurait brisé la table basse en deux.

- Oh, mais je suis égoïste de ne parler que de moi. Ça doit vous ennuyer. Qu'avez-vous à me raconter de votre côté ? Deux semaines, ce n'est pas rien, surtout pour quelqu'un d'occupé tel que vous. Comment se portent vos placements ?

Phase économique. Elle avait laissé ses finances en vol libre depuis deux semaines : pas le cœur à ça. La terreur de Wall Street se sentait presque trahie par certains de ses collègues. Elle avait du coup préféré se distraire autrement, comme elle pouvait.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeMar 14 Juin - 22:29

D’accord. Message reçu mademoiselle Underfall. Constantin n’aimait pas cela, mais alors vraiment pas. Elle se doutait de quelque chose et ce n’était pas bon pour lui. Pour le moment, il était impossible qu’elle ait de véritable certitude, il en avait vraiment trop peu montré pour cela. Mais cela suffisait pour être un danger potentiel parce que s’il y avait bien une chose qu’il ne voulait jamais voir reparaître à la surface, c’était bien cette affaire. Par chance pour lui, elle avait décidé de ne pas creuser plus loin pour le moment, ça lui laissait le temps de préparer une histoire crédible ou bien un moyen de noyer le poisson. Et pour un cerveau comme le sien, ce ne serait pas si difficile que cela. Il avait bien réussit à dissimuler cette affaire depuis plus de dix ans, ce n’était pas une américaine, fut-elle géniale, qui allait dévoiler ça. Jamais.

Lee repartit sur divers autres sujets que Constantin n’écoutait que d’une oreille. Les champions d’échecs prétentieux, ce n’était pas une nouveauté. Le français avait toujours un peu de mépris pour ces hommes dont le succès était monté à la tête. Ils avaient une fâcheuse tendance à se prendre pour des génies alors que ce jeu était bien la seule matière dans laquelle ils excellaient. C’est la raison pour laquelle le jeune homme avait arrêté de pratiquer ce « sport » en club depuis bien longtemps. Il avait des ambitions bien plus élevées que cela. Le français acheva tranquillement sa tasse de thé, un léger sourire aux lèvres. L’américaine venait de lui offrir un sujet en or pour se sortir de ce qu’il n’aimait pas : les finances. Mieux encore, elle avait parlé des petits malins qui avaient eu l’intelligence de jouer en bourse dès que l’Empire State Building avait commencé à tanguer. Constantin faisant partie de ces petits malins, il pouvait difficilement leur en vouloir. Toutefois, comment ne pas comprendre la colère de Lee ? C’était un comportement abject et il en était parfaitement conscient. Il pourrait très bien s’amuser à le cacher à la jeune femme mais il voyait ici l’occasion de faire oublier définitivement l’incident précédent en occupant l’esprit de sa géniale interlocutrice à l’engueuler. Oui, cela pourrait fonctionner … avec un peu de chance.


- Eh bien écoutez … Pas trop mal en fait. Faisant partie des rapaces qui commençaient déjà à jouer en bourse alors que l’immeuble n’avait pas touché le sol, je ne m’en sors pas trop mal dans cette crise financière. Bon, il est vrai que n’ayant pas pu m’y mettre à fond, je ne suis pas celui auquel cela a le plus profité, j’ai surtout limité les dégâts en fait. D’ailleurs, on devrait voir fleurir de nouveaux millionnaires dans peu de temps, qui perdront leur argent aussi vite qu’ils l’ont gagnés, se croyant touché par la grâce.

Avec toute la délicatesse de son rang, le jeune homme reposa sa tasse, plantant ses yeux vairons dans ceux de Lee Underfall.

- Vous avez totalement raison, ce comportement est inqualifiable. Même plus que cela, c’est tout bonnement abject. Mais c’est malheureusement un jeu auquel j’ai accepté de jouer le jour où j’ai commencé à jouer en bourse. Je suis sûr que je suis excusable … Dites-moi simplement ce que je pourrais faire pour cela.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeMer 15 Juin - 20:45

Aïe.
Ce "aïe" résumait à merveille cet instant. Lee n'avait même pas eu besoin de chercher dans son lexique immense pour le trouver. Il avait surgi avec une rapidité fulgurante, avait sifflé, et l'avait frappée en plein visage, telle une claque. Une vraie claque . . . il allait avoir aussi mal qu'elle. Il n'allait pas saisir ce qui lui arrivait.
Constantin l'avait-il déjà vue en colère ? Oui, c'était d'ailleurs la première vision qu'il avait eue d'elle : une furie qui s'était précipitée sur son propre notaire pour l'étrangler. Tout un spectacle ; le vieillard n'avait rien vu venir. Et le français allait vite comprendre comment on se sentait lorsqu'on s'attirait les foudres de Lee Underfall. Elle avait essayé de se contenir depuis deux semaines, limitant les dégâts à quelques objets fragiles. Elle avait tempéré ses accès de rage, se gardant pour le jour où elle se retrouverait devant un des terroristes . . . ou un de ces chacals. Un de ces salauds. Et voilà qu'une voix légère, toute petite, ténue mais autoritaire, reprenait ses droits dans son esprit. La voix qui avait jadis plongé Chicago dans la terreur.
En voilà un, ma grande. Handicapé ou pas, on s'en fout, ça l'a pas empêché de se moquer du monde. Défoule-toi. Fais-lui le plus de mal possible, tabasse-le. Tabasse !
Déjà noirs, les yeux de Lee prirent une teinte plus sombre que tous les pétroles. Toute brillance les quitta. Son visage entier sembla s'assombrir. Elle fixait toujours Constantin, mais son regard n'avait plus rien d'avenant. Elle ne le voyait même plus, le génie, le garçon qu'elle avait pu apprécier. Restait le crétin qui s'était cru intelligent en spéculant sur le traumatisme d'un pays . . . son pays. Sa main se crispa horriblement sur la tasse ; la porcelaine fine craqua, des dizaines de morceaux éclatés partirent aux quatre coins de la pièce. Sa dernière pensée sensée fut de se féliciter d'avoir terminé son café : cela lui éviterait d'en mettre partout. Une seconde après, l'orage éclata avec une violence rare.
En quelques instants, l'américaine se leva, écarta la table basse (en la renversant aussi facilement que si c'était une plaque de carton) et gifla le français de toutes ses forces. Et de toutes ses forces, ça voulait dire une puissance énorme.
Elle ne put pas en rester là. Avec ses provocations, Constantin n'avait peut-être pas escompté une réaction aussi brutale. Une nouvelle claque partit, fit mouche. Il se croyait excusable ! Ah, il se croyait excusable ! Savait-il au moins à qui il parlait ? Elle n'allait même pas lui donner assez de souffle pour les présenter, ses excuses ! Il allait crever avant ! Elle se mit à crier. Ce n'était plus la voix de la Lee tranquille noyée dans son pull blanc, qui vouvoyait poliment ; c'était quelque chose d'aigu, presque éraillé, inhumain.
- Bouffe-les, tes excuses ! Tu te crois malin, hein ?! Des centaines de gens y sont passés ! Et j'ai failli, moi ! J'étais encore à l'intérieur quand tu t'es amusé avec la Bourse, connard ! T'y as pensé ? Les femmes, les gosses, les familles, t'y as pensé ? T'as quoi dans le crâne, ordure ?! Tu vaux pas mieux qu'eux ! J'arrive pas à croire que j'aie pu te faire confiance . . . t'es . . .
Il y eut un silence. Lee venait de comprendre que si elle ne se reprenait pas en main tout de suite, il allait y avoir un cadavre. Elle se détourna brusquement - surtout ne pas le regarder, et respira à fond plusieurs fois. Ses mains tremblaient ; la plaie de son poignet s'était rouverte, et sa manche droite s'était teintée d'une tache rouge semblable à une rose. Elle jeta son dévolu sur la coupe qui trônait sur la commode, s'en empara et la lança violemment contre un mur où elle explosa dans un tintement sublime. Ca, c'était du vrai cristal.
Cette observation perspicace fut le signal du retour de Lee. La Lee calme, en tout cas. La raison avant les coups. Il fallait qu'elle cesse sa crise immédiatement. Elle tenta de juguler sa colère ; son cerveau bouillonnait encore, mais elle commençait à regretter son acte.
De toutes ses connaissances, Constantin était probablement celui qu'elle n'aurait pas osé frapper dans son état normal. En regardant les choses en face, il était physiquement faible. Les physiquement faibles étaient intouchables au même titre que les enfants. Elle venait de déroger à cette règle sacro-sainte. Elle avait levé la main sur quelqu'un qui ne pouvait décemment pas se défendre. Tout d'un coup, elle se sentait mal. Il allait la prendre pour une réelle brute ; et elle qui essayait d'avoir l'air civilisée . . . tous ses efforts venaient de s'effondrer. Quelle idiote elle faisait ! Même pas capable de réguler ses pulsions. Etait-elle à ce point esclave de la petite Lee, la cinglée qui répondait par les poings ?
- Vous étiez obligé de . . . ? Je vous ai dit que je n'en mêlais pas. Je ne m'en serais pas mêlée. Pourquoi avez-vous ? . . .
Elle était revenue au vouvoiement de rigueur. Mais sa voix n'arrivait pas à redescendre au timbre normal. Elle sonnait encore trop haut-perché, signe d'une nervosité exacerbée.
- Je vous demande pardon. J'ai . . .
Elle ne savait pas ce qu'il l'avait prise ? Elle ne voulait pas ? Ce n'était pas son intention de lui faire aussi mal ? Tout cela était faux. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Elle avait froidement et sciemment pété un câble, et ce dans l'intention d'occasionner la plus grande douleur possible à celui qui se trouvait en face d'elle.
Enfin, présentement, il se trouvait plutôt derrière elle. Lee n'osait pas se retourner. Elle sentait bien qu'elle aurait du mal à le regarder dans les yeux.
Elle comprenait maintenant pourquoi il avait fait cela. C'était pour la faire penser à autre chose, l'écarter de leur précédent sujet de conversation ; évidemment, c'était clair. Même trop clair. Sa stratégie, quoique efficace la première minute, était finalement assez maladroite : elle ne faisait que prouver que son problème était sérieux. D'autant plus au vu des risques qu'il avait pris - elle aurait pu lui arracher la tête ! Oh, il n'allait plus y échapper cette fois. Il n'avait fait que s'accorder un sursis, et il l'avait trop chèrement payé. Mais pour le moment, elle allait tenir parole. Ne pas s'en mêler. Détourner le sujet.
Lee souffla une dernière fois. Sa voix reprit une tonalité normale.
- Pourquoi m'avez-vous suivie jusqu'en haut de cette tour ? Vous auriez pu sortir tout de suite et rester tranquillement dehors à attendre que les choses se fassent. Surtout quand on voit ce que vous avez fait.
Elle appuya douloureusement ses derniers mots. Décidément, Constantin venait d'exploser plusieurs sous-sols dans la pyramide de son estime. Il aurait du mal à remonter, si jamais il le voulait.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeMar 30 Aoû - 22:07

Le jeune homme n’avait pas bougé face à l’assaut, il n’avait pas cherché à esquiver, pas chercher à se défendre, de fait, c’est à peine s’il avait réagi. Seule sa tête avait eu un mouvement, infime cependant puisqu’elle s’était contentée de se tourner suite aux baffes. Ses joues étaient devenues rouges suite à l’afflux de sang. Ses yeux s’étaient fermés, sans aucun doute par réflexe mais il tardait beaucoup à les rouvrir, comme s’il ne voulait pas la voir, comme s’il ne voulait rien voir, rien ni personne. Ses lèvres affichaient une étrange grimace, mélange de dégoût et de douleur qui s’effaça très rapidement pour laisser place à une expression d’une neutralité absolue qui ne laissait rien deviner quant aux pensées qui affluaient dans le génialissime esprit.

Elle avait osé. Lui, Constantin Ducomte. Elle avait osé le frapper. Avec une hargne, une colère exceptionnelle. Elle l’avait insulté comme seule une américaine pouvait le faire, comme si ce qu’il avait fait été la pire des offenses commises. Lui qui ne s’était plus laissé ne serait-ce que moquer depuis qu’il avait l’âge de neuf ans. Il n’avait rien fait de mal. Il le savait. Ce n’était pas politiquement correct, évidemment, mais que pouvait-il bien faire de plus ? Il n’aurait été d’aucune aide pour ceux qui étaient dans la tour, pour leur famille ou leurs amis. C’était particulièrement stupide de le frapper pour cela, il n’avait fait que ce que n’importe quel être humain aurait fait à sa place : penser à lui-même et s’aider comme il le pouvait. Et elle avait le culot, elle avait l’audace, à moins que ce ne soit de la bêtise, de lui demander pardon ?! Comment pouvait-elle ne serait-ce qu’espérer qu’il accède à cette requête alors qu’elle ne l’avait même pas fait pour lui quelques secondes plus tôt à peine ? Au moins le fait qu’elle ait compris pourquoi il avait fait ça prouvait qu’elle n’était pas complètement abrutie mais qu’elle ne compte pas y revenir, jamais. De fait, elle ne devait compter sur absolument rien.

La main du jeune homme s’était légèrement avancé sur le canapé et ses doigts fins avaient effleurés sa canne, rien de particulièrement menaçant dans ce geste. Il y avait bien une lame de carbone dissimulé dans le manche mais il ne comptait pas s’en servir, surtout pas contre quelqu’un comme Lee Underfall. Déjà qu’il ne pensait pas pouvoir avoir l’avantage mais en plus, cela aurait été des plus vulgaire alors qu’il était quelqu’un de particulièrement civilisé. Il savait se retenir, lui. Non, rien de tout cela. Simplement, le jeune français était très tenté par l’idée de se lever simplement et de partir. Cela serait d’une impolitesse sans nom mais il savait très bien que la situation présente était une bonne excuse pour se faire. La question était de savoir si la jeune femme tenterait de le retenir, au jugé, il dirait non. Mais dans le cas contraire, il risquait fort d’y avoir un contact, même infime entre eux. Et après les coups qu’il venait de se prendre, son corps était en ébullition, partagé entre la panique et la douleur, la moindre goutte ferait déborder le vase. Il était assis sur ce vase, il ne tenait pas à être éjecté. Et puis, il devait bien à Lee de tenter de rester et de calmer le jeu. Ne serait-ce que pour le respect qu’il avait pour elle et pour le génie qu’elle représentait. Sa main s’écarta donc lentement de sa canne, il rouvrit les yeux et se tourna vers la jeune femme.

Son regard était glacé, n’exprimant aucune émotion, même pas la colère, même pas un peu de contrariété, juste du vide, un vide immense encore accentué dans le cas de l’œil d’un blanc nacré. Il prit un temps extrêmement long pour répondre, comme s’il pesait chacun de ses mots avec précaution. Il avait décidé de ne pas répondre aux deux premières questions de la jeune femme qui lui faisait face, elles ne l’intéressaient pas et il n’avait rien à dire à ce sujet. Il ne comptait pas la pardonner, clairement. Et il était évident qu’il n’allait pas lui expliquer pourquoi il ne voulait pas revenir sur ce sujet. Ses yeux parcourent lentement la jeune femme, sans aucune discrétion mais ce n’était pas un de ces regards indiscrets de type intéressé par ce que cachait les vêtements, c’était un regard qui jaugeait, qui jugeait sans dire un mot. Il remarqua une légère tâche rouge sur son vêtement, au niveau du poignet, une tâche dont il ne pouvait que très difficilement ignorer la provenance, toutefois il ne revient pas dessus immédiatement.


- Je vous ai accompagné parce que je m’inquiétais, et que j’espérais pouvoir être un tant soit peu utile. Nous avons vu que je me trompais. Une fois sorti, ce n’était plus un problème.

Sa voix était cassée, comme blessée, mais elle restait d’un froid quasiment palpable. Il cherchait à se mettre à distance, ne surtout pas révéler qu’il était surtout monté pour elle, quel déshonneur ce serait après ce qu’elle venait de faire. Toutefois, le plus idiot dans l’histoire était que l’inquiétude qui l’avait pris à l’époque était la même qu’il éprouvait à cet instant précis, alors qu’il observait la tâche de sang sur le pull de Lee. Il ne put s’empêcher de la pointer doucement de l’index.

- Comment vous êtes-vous fait cela ?

Derrière la couche de glace de sa voix, on pouvait presque discerner l’inquiétude qui motivait sa question, une certaine peur aussi, pour lui ou pour son interlocutrice, c’était difficile à dire.

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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeMer 31 Aoû - 2:04

Lee retint un rire amer. Cela laissa échapper une espèce de hoquètement bref, qui aurait pu passer pour un son méprisant. Mais elle n'y pensait pas. Non, elle pensait d'une à se calmer (ce n'était toujours pas complètement fini), et de deux à interpréter comme il le fallait ce qu'on venait de lui dire.

Malgré tout, le ton glacial de sa voix l'avait franchement blessée, même si elle n'avait pas daigné se retourner. Elle se doutait bien qu'il réagirait comme ça : une personne de sa nature et de son rang ne pouvait pas se permettre une telle humiliation. Si elle s'était fait attaquer de la sorte, nul doute qu'elle aurait répondu par les poings ; mais une telle réaction était indigne de Constantin. En répondant par un silence, il n'avait fait que lui rendre l'affront qu'elle venait de lui faire subir. Au centuple. "Nous les vrais aristocrates, nous savons nous tenir. Vous vous trouvez trop bas pour nous atteindre", le message était on ne peut plus clair. Cela lui rappelait de mauvais moments passés dans les réunions mondaines, quand elle était petite : son père était d'une noblesse si fine et discrète qu'elle en paraissait innée, et son frère était son portrait craché. Elle, malheureusement, n'avait hérité que de l'autre côté. Les rares soirées où on emmenait la petite Underfall, celle-ci donnait à sa famille une raison d'avoir honte.

C'était comme ça. Aujourd'hui, elle avait beau juguler ses pulsions, son tempérament revenait au galop. Elle s'énervait, et elle réagissait vite. Dans les rues, c'était une qualité inestimable ; dans un monde de cerveaux, c'était un signe de stupidité. Il y avait des dérapages, comme celui qui venait de se produire, mais elle n'y pouvait rien.

Elle lui fit enfin face, penaude. Oh, ce qu'elle se sentait mal, désormais. Et encore, elle n'avait pas vu l'expression de Constantin, ni une éventuelle réaction gestuelle. Elle remarqua qu'il reculait sa main ; il l'avait dirigée vers sa canne. Décemment, que pouvait-il faire, maintenant ? S'en aller. C'était ce qu'elle aurait fait en tout cas : claquer la porte avec quatre insultes pour la forme. Mais là encore, il s'agissait du français. Il ne s'en irait pas ; Lee pensa d'abord qu'il était trop fier pour s'avouer vaincu. Cependant, une autre hypothèse l'éclaira. La politesse. Constantin restait simplement par politesse. Cela lui ressemblait. Bon sang. Plus guindé que ce type, on mourait. Lui était-il déjà arrivé d'agir à l'instinct ? Impulsivement ? Sans doute pas. Il ne devait rien faire sans réfléchir : malheur à lui s'il dérogeait à l'étiquette ! Et ça ne l'empêchait même pas de faire des sales coups. Sa vie devait être une horreur.

Ce n'est pas en le plaignant que tu te déculpabiliseras, crétine.

- Vous vous inquiétiez.

Elle avait simplement répété la phrase. L'intonation ne sous-entendait aucune demande d'éclaircissement. Elle interprèterait elle-même . . . même si elle avait peur de mal comprendre.

Soit elle se faisait des films (et Lee se faisait rarement des films), soit Constantin venait de dire qu'il s'inquiétait. Pour quoi ? Pour qui ? Ce n'était pas son pays, pas ses concitoyens. Et puis, le comportement qu'il avait eu par la suite avait témoigné du plus grand égoïsme, alors pour qui Diable pouvait-il s'inquiéter ? La suite était carrément comique. Lee eut un sourire. Au moins, il venait officiellement de reconnaître que dans la tour, il n'avait été utile à rien. Remarque, elle l'avait su dès qu'il avait monté la première volée de marches à ses côtés. Quand il s'agissait d'une épreuve physique, la compagnie de Constantin Ducomte était à éviter. Elle avait retenu la leçon.

Mais sa question la déstabilisa. Comment s'était-elle fait quoi ? Elle jeta un oeil au point que désignait le français, et remarqua la tache. Lee comprit immédiatement d'où venait le sang. Décidément, elle s'était trop échauffée. Elle ne sentit la douleur qu'à cet instant précis ; un léger picotement, régulier. Un peu mal à l'aise, elle retroussa sa manche pour évaluer les dégâts : le bandage était fichu. Il allait falloir qu'elle le change . . . bah, elle le ferait après le départ de Constantin.

Encore une fois, il y avait un tracas derrière la voix glaciale. Maintenant, l'américaine était certaine de ne rien imaginer : son interlocuteur s'inquiétait. Réellement, et c'était déjà exceptionnel. Mais la raison ne s'imposaot pas au cerveau de Lee. Ou plutôt, c'était l'inverse : il y avait trop d'explications possibles. Il fallait faire le tri. La voix de la jeune fille était redevenue tout à fait normale lorsqu'elle reprit, rapide, forte et claire.

- Oh, ça, ce n'est rien ! Un mur mal tombé. Je n'ai rien senti. Ca fait encore des siennes de temps en temps . . . vraiment, une broutille. Pas de quoi s'y attarder.

Il lui avait certainement posé la question pour la forme. Impossible de se méprendre sur l'origine de cette blessure. Quoique . . . non, qu'avait-il pu imaginer d'autre ? Ouh là. Elle espérait que ce n'était qu'une mauvaise compréhension.

Si Constantin commençait à la croire assez effondrée pour se scarifier, elle n'était pas sortie de l'auberge.
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Constantin Ducomte

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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeSam 10 Sep - 16:04

- Je vois.

La voix était restée d’un calme quasiment insoutenable. Ses yeux recommençaient à examiner la blessure avec une précision chirurgicale. Et son regard restait tout aussi distant. Bien qu’il ne veuille évidemment pas le montrer, le français était on ne peut plus rassurer. Il avait bien pensé que l’américaine était quelqu’un de trop fort pour se laisser aller à de telles bêtises. Mais après tout, il pouvait se tromper, surtout en ce qui la concernait puisqu’il avait cru qu’elle n’irait pas jusqu’à le frapper. Elle était imprévisible. Il n’aimait pas les gens imprévisible, surtout quand ces derniers attentaient à sa personne, ce qui relevait d’une bêtise sans nom.

Alors même qu’il laissait un silence froid s’installer, son regard ne se détachait pas du bandage. I était cette fois certain qu’il l’observait comme un médecin observe une plaie, le français n’avait-il pas son diplôme depuis ses douze ans après tout ? Le constat était simple, cette blessure devait dater de la chute l’Empire State et le coup de sang de Lee Underfall en ce jour n’avait fait que la rouvrir, provoquant l’écoulement de sang qu’on pouvait voir à présent. C’était en partie sa faute en fait, puisque c’était lui qui avait provoqué cet emportement. Pendant un bref instant, un voile de culpabilité couvrit ses yeux vairons mais cela disparut l’instant d’après.

Ce qu’il avait fait, il ne le regrettait pas, il ne s’en voulait pas et ne s’en voudrait jamais tout simplement parce que ce n’était PAS une mauvaise action. C’était sans doute l’une des rares bonnes actions qu’il ait accompli en bourse. Le fait de vendre ainsi avait permis de consolider ses autres biens et ainsi de ne pas avoir besoin de licencier une partie des salariés des entreprises qui lui appartenaient. Alors que toutes les autres grandes firmes avaient été particulièrement touchées par la crise boursière qui avait suivi la chute du symbole américain. Ce qu’il avait fait n’avait tué personne, blessé personne, cela n’avait pas empiré le sort des familles de victimes. Il ne jugeait pas avoir de raison de s’excuser si ce n’est le fait d’avoir heurté la sensibilité de Lee Underfall. Or, il s’était déjà excusé pour cela et n’avait reçu en réponse que des coups, il n’avait donc ni l’envie ni le besoin de revenir dessus.

Toutefois, ce bandage couvert du sang qui coulait encore sur le pull semblait le déranger. Son regard ne voulait pas s’en détacher. Non qu’il soit obsédé par le sang ou au contraire que cela l’incommode, simplement, il n’aimait pas l’idée d’avoir une interlocutrice avec une blessure ouverte. C’est pourquoi avec toute la politesse du monde, le jeune homme reprit la parole, sa voix restant distante même si elle ne semblait pas aussi froide que lors de ces dernières prises de parole.


- Peut-être voudriez-vous qu’on examine ça ? C’est toujours dangereux une blessure rouverte et il vaut parfois mieux vérifier que tout est en ordre.

On ne distinguait aucune attention particulière dans la voix de Constantin. Il n’était pas attentionné ou préoccupé par le sort de Lee. Ou en tout cas, il lui en coûterait trop cher de le dévoiler ouvertement à présent qu’elle l’avait humilié. Elle devrait donc se contenter de son ton mesuré de pur scientifique. Elle avait une blessure, il pouvait l’examiner, il le lui proposait. Point. A la ligne.

Ce n’était en aucun cas intéressant et ce n’était pas pour cela qu’il était venu ici. Les évènements avaient faillis lui faire perdre de vue son objectif primaire. Alors même que c’était de là que découlait toutes ses entrevues avec Lee Underfall. Pendant un instant, son génial cerveau envisagea l’option de simplement oublier cela, prononcer quelques politesses en guise d’au revoir puis partir pour ne plus jamais lui adresser la parole. Il pourrait tout aussi bien se débrouiller sans elle après tout, c’était même de lui que tout était parti. C’est lui et lui seul qui avait collecté toutes ses informations sur ce monde féérique et ses règles étranges.

Mais quelque chose le retenait de faire ça. Tout d’abord parce que ce serait dangereux, Lee en savait trop à présent. Soit il s’associait à elle et leurs avancées seraient rapides et grandioses. Soit elle devenait une concurrente dangereuse. Non, pour le bien de la science et de ses propres connaissances, il se devait de faire fi de la brutalité de sa partenaire et de continuer avec elle. Ce ne serait peut-être pas une partie de plaisir mais le jeune homme saurait sûrement y faire, il était Constantin Ducomte après tout. Il reprit donc :


- Ensuite, peut-être que nous pourrions aborder le sujet qui nous intéresse tous les deux autant ? Après tout, c’est pour cela que nous sommes ici, non ?
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeSam 10 Sep - 23:51

Lee serra les dents. C'était un coup à l'énerver de nouveau, ça. QUI proposait d'examiner les blessures de Lee Underfall ? Elle-même n'y prêtait pas attention. Sa dernière visite chez le médecin ? Son frère l'y avait traînée, on avait dû lui tenir les épaules pendant toute la consultation. Et elle avait été exécrable avec le pauvre homme qui l'avait reçue. Après l'accident de l'Empire State, elle n'était même pas passée par les examens d'usage. Elle s'était tout bonnement enfuie du service des urgences, et s'était bricolé un bandage à domicile. Certes, ça ne lui avait pas franchement plu de fuir. Les Underfall ne fuyaient pas, en général. Mais l'hôpital était un cas de force majeure.

Elle se reconcentra sur la proposition de Constantin. Évidemment, elle savait quoi répondre ; elle n'avait même pas eu besoin de réfléchir.

- Ne faites pas l'idiot. C'est une égratignure, répliqua-t-elle, plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu.

Elle avait envie de rajouter "Et réveillez-vous bon sang !" mais se retint. C'était déjà assez de prononcer le mot "idiot" dans une phrase qui lui était adressée. Elle se doutait bien que Constantin tentait encore de ravaler son humiliation. De plus, elle essayait toujours de comprendre pourquoi diable il s'inquiétait. S'il avait vraiment cru que sa force de caractère avait failli, alors c'était un affront de plus à son encontre.

Elle avait de quoi le frapper encore.

Cependant, la grande Lee avait repris ses droits et les tenait désormais d'une main de fer, par peur d'une nouvelle bavure.

Calme, ma fille. Montre-lui que tu es au-dessus de ça.

Ce n'était pas le moment d'envenimer la situation. Il fallait prendre le bon côté de la chose : le français avait fait une tentative pour calmer le jeu. Il ne pouvait pas savoir que c'était manquer de respect à l'américaine, et il avait voulu faire au mieux. Oui, voilà, il fallait qu'elle pense à ça avant tout. Elle devait faire un effort de son côté. Le calme insupportable de Constantin finirait bien par se relâcher, il lui suffisait d'employer une de ses techniques phares : le sourire contagieux.

- J'en ai vu d'autres. Et puis au pire, une main, ça ne vaut rien ! J'ai toujours la deuxième, reprit-elle sur le ton de la plaisanterie.

Les nobles ne montraient jamais leurs sentiments : leur rang ne le leur permettait pas. Les Underfall n'hésitaient pas à cracher leur mépris, à faire exploser leur joie ou à mettre des gifles. Lee considérait cela comme un atout de taille. Il était toujours plus facile de se laisser aller que de garder contenance ; c'était autant d'énergie gagnée pour l'affrontement.

La suite la conforta dans son interprétation : le français voulait, ou du moins tentait de passer l'éponge sur ce qui venait de se produire. Hallelujah. Et le déblocage survint.
Ce fut avec un soulagement à peine dissimulé que l'américaine repartit au quart de tour, cette fois-ci verbalement ; elle contrôla très peu son flot de paroles. Tout vint naturellement. Résultat, c'était un peu décousu, mais elle s'en moquait. Il trierait et comprendrait ; quelle joie d'avoir un tel interlocuteur.

- Bien sûr ! Nous perdons notre temps en sottises ! Où en étions-nous ... oui, la bague. Les bagues. Les fées, la devise ... "Veritas vos liberavit", les templiers, nous en avions parlé, n'est-ce pas ? C'est la bonne piste, j'en suis certaine ! Qui est forcément liée à l'inscription en gnomique, la même phrase. Ça, c'est le récapitulatif. Bien, poursuivons. En sachant que j'ai trouvé ma bague à Paimpont, et que la vôtre porte la même inscription, je propose de concentrer les recherches sur le territoire de Brocéliande. Un lieu lié aux Templiers ? La chapelle St-Jean, naturellement ! C'est là qu'est enterré un des propriétaires du château de Trécesson, si je ne me trompe … décédé en 1803 … mais ça n'est pas important pour ce qui nous intéresse … l'endroit aurait été fondé par des Hospitaliers de l'ordre de St-Jean de Jérusalem, mais on suppose qu'il a, à l'origine, appartenu à des Templiers. Je crois que j'ai déjà vu cette phrase là-bas … je veux dire, J'AI vu cette phrase là-bas. Il y a deux ans de cela, c'était un quatre août, je crois … bref, ce sera un bon début ! Ce sera parfait. Brocéliande est un très joli territoire, très particulier. Nous pourrions partir dès … mais que dis-je ! Dès maintenant ! Dès que vous le voudrez, nous partirons ! Je suis partante. Il faut que je me change les idées. Sans doute découvrirons-nous quelque chose d'extraordinaire, et ce sera superbe ! Allons, allons-y demain même, si vous le désirez ! Que pensez-vous de ça ?
Elle termina sur un sourire éclatant, pas essoufflée le moins du monde. Ce torrent vocal, elle ne s'était pas forcée pour le lancer. Il s'agissait de ses pensées, ni plus ni moins. Au fond, elle avait retourné ces idées des jours durant, en attendant qu'elles fussent appréciées à leur juste valeur ; ce moment était arrivé. Constantin n'avait qu'à bien se tenir ; elle ne faisait que s'échauffer.
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MessageSujet: Re: La nuit, tous les chats sont ...   La nuit, tous les chats sont ... Icon_minitimeSam 17 Sep - 15:48

Si la réponse de Lee n’était pas des plus aimables, elle eut au moins le mérite d’arracher un haussement de sourcil à Constantin. A vrai dire, il ne s’y attendait pas du tout, pensant au contraire que cette tentative d’ouverture serait bien accueillie puisqu’elle ne l’avait pas encore mis dehors. Lorsqu’on vous proposait de vous aider, quelle que soit les circonstances, les gens n’avaient pas souvent tendance à vous envoyer balader. Le seul cas que le jeune homme entrevoyait était celui où c’était une question de fierté. Ce qui, à bien y réfléchir, ne serait pas forcément à exclure dans le cas de Lee Underfall. Il se garda toutefois d’émettre le moindre commentaire, son visage retrouvant bien vide sa façade vide d’expression. Le mot idiot était particulièrement mal choisi mais il décida de penser que ce n’était pas là dit intentionnellement, ou en tout cas pas pour l’insulter directement.

Il n’eut quasiment aucune réaction quand un sourire s’afficha sur le visage de son interlocutrice, même si ce changement d’attitude était assez brutal. Il commençait presque à en avoir l’habitude. Peut-être Lee tentait-elle, elle aussi, de détendre l’atmosphère, à sa façon ? C’était louable de sa part en ce cas mais le jeune homme n’était pas prêt à sourire de nouveau immédiatement. Il aurait cependant été particulièrement impoli de ne pas réagir à sa petite plaisanterie, aussi Constantin se força-t-il à peine, amenant sa main devant la partie inférieure de son visage pour dissimuler ses lèvres et ainsi laisser planer le doute sur son expression. Ses yeux laissèrent tout de même à penser qu’il avait souri, c’était le minimum vital qu’exigeait la politesse.


- Très bien, très bien. Je ne voulais pas dire par là que votre vie était en danger pour un simple petit bobo, ne vous en faites pas.

Il avait bien compris ce qu’elle voulait lui dire : ne plus évoquer ce bandage à la main et encore moins la possibilité de l’aider à y faire quelque chose. Il attendit donc de savoir si elle allait saisir la perche qu’il lui avait tendue pour revenir à la seule conversation qui les intéressait vraiment tous les deux. Avec une certaine satisfaction, dissimulée à la perfection, il la vit se jeter dessus avec un certain soulagement. Comment ne pas la comprendre ? Sans doute avait-elle besoin, encore plus que lui, de conversation pareille avec des gens intelligents. En des circonstances pareilles, il lui devait bien ça, ne serait-ce que pour lui changer un peu les idées.

La puissance du flux des mots ne fit que confirmer son idée : Lee avait grand besoin de défouler la force de ses neurones, autant que celle de ses poings, sur quelque chose. Il était dommage qu’elle ait choisit de faire les deux sur la même personne mais Constantin ne se permettrait évidemment pas de le lui faire remarquer. Au lieu de cela, il l’écouta religieusement, triant rapidement ce qu’elle lui disait. Par chance, même avec un débit de parole aussi rapide, elle arrivait encore à ranger ses idées dans un ordre relativement cohérent qui facilita encore plus la compréhension du jeune français. C’est bien pour cela que, lorsqu’elle eut finit, il ne laissa que quelques secondes de silence avant de reprendre d’une voix calme et mesurée.


- Vous avez sans aucun doute raison. Brocéliande est un lieu tout désigné pour nos recherches, je pense que je n’ai pas besoin de vous rappeler la réputation magique qui entoure cette forêt. J’ignore pourquoi mais il fort probable que les activités du Peuple aient été importantes dans cette région durant une certaine période. Je doute cependant que cela ait un rapport avec les templiers mais après tout pourquoi pas.

Le jeune homme se pencha un peu en avant, sa voix baissant légèrement pour exprimer la même chose que ses mots : une certaine prudence.

- Toutefois, je recommanderais que nous ne nous y précipitions pas immédiatement. N’oublions pas que nous avons affaire avec une civilisation avancée et potentiellement dangereuse si elle découvre que nous sommes au courant. J’ignore quelle importance ce lien avec les Templiers a pour elle mais on peut craindre que ce soit quelque chose qu’ils ne veulent pas voir révéler. Par chance, leur code de conduite leur interdit formellement de nous blesser. Mais ils n’en sont pas pour autant désarmés ; je vous avais rapidement évoqué leurs étranges pouvoir dont le mesmer. Il existe heureusement un moyen de le contrer, j’ai pris la liberté de commander quelques paires de lentilles à cet effet. Je vous les fournirais si vous le voulez bien.

Il se renfonça un peu dans son siège, le français ne souriait toujours pas mais on pouvait lire dans son regard l’excitation de celui qui réfléchit à une allure folle, envisageant toutes les possibilités que pouvaient ouvrir leur enquête. Cela allait être très intéressant.

- Une fois que tous ces détails seront réglés, nous pourrons partir et nous renseigner en cours de route pour tenter de connaître en détail l’histoire de cette région, autant pour les Templiers que pour le Peuple. Il est possible que nous puissions en apprendre beaucoup. Qu’en pensez-vous ?
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