Charles Félicien

- Le Vent, en personne ! Heureux de vous rencontrer finalement...
- Moi aussi, monsieur le Directeur... Et merci d'être venu. J'aurais un service à vous demander...
- Vous pouvez m'appeler Squarcini. Je crois avoir compris que nous à la DCRI partageons une assez longue histoire avec votre famille. Il serait temps de vous renvoyer l'ascenseur à propos de Farewell...
- Dans ce cas, Squarcini, il faudrait que vous m'aidiez à retrouver quelqu'un. Mon fils en réalité... Il est sur le point de commettre une très grosse erreur, et il faut que je l'en empêche.

Le Directeur Central des Renseignements Intérieurs fait un signe à l'homme qui est avec lui, lequel sort une feuille blanche et un stylo de sa mallette, qu'il donne à son supérieur.

- Je vais vous poser quelques questions pour que nous puissions le retrouver plus facilement, et j'en ferais une note de synthèse qui sera redistribuée à tous nos services ainsi qu'à ceux de la DGSE.
- Squarcini... l'�État s'engagea il y plusieurs années à ne jamais enregistrer ou conserver la moindre donnée concernant ma famille...
- Je... je sais, je sais... Ne vous inquiétez pas, je garderai son véritable nom ainsi que son surnom pour moi. Nos agents et ceux de la DGSE ne connaîtront que ses fausses identités ainsi que sa description... Et je le ferai rechercher en tant que "menace pour la sécurité nationale".
- Comme un simple terroriste en fait...
- Exactement. Laissez-nous, Tregomain. Je dois rester seul avec monsieur... Alors, allons-y...


Nom: Félicien
Prénom: Charles
Surnom: Arsène Lupin IV

Autres identités:
Alexander Williams (anglais), Pete Fares (américain), Salvatore Costa (italien), Frantz Dietrich (allemand), Zakhar Leonty (russe).

Âge: Vrai de vrai de vrai ? 20 ans. Mais ça, comment tout le reste, et vous le savez aussi bien que moi, ce n'est écrit nul part, faut me croire sur parole.
Métier: Opportuniste de première ordre, mais gentleman avant tout, comme toute la famille... Étudiant en droit, criminologie et sciences politiques à l'Université de Dublin.
Race: Humain ? Je crois... Parce que si les hommes viennent de Mars, et les femmes de Vénus, alors lui c'est de Pluton qu'il débarque ! Pluton n'est plus une planète ? Bon, Neptune alors, si ça vous amuse !


- Eh bien, c'est plus que suffisant ! Il faudrait donc le chercher en Irlande, à la Faculté de Dublin ? Vu que nous avons toutes ses identités, nous pouvons nous arrêter là...
- Entre nous, ces identités sont celles que je connais, que j'ai établis pour lui... Elles sont aussi solides que du roc, mais il en a sûrement d'autres, et c'est certainement celles-là qu'il utilise...
- Ah. Bien, continuons dans ce cas... Avec son aspect physique.

Description physique -

Vous trouverez toujours beaucoup de descriptions de Charles. D'aucun vous dira qu'il est grand et mince, d'autres qu'il s'agit d'un personnage doté d'un certain charisme malgré son oeil manquant... D'aucun vous diront que son ventre bombe plus ou moins ses chemises, alors que certains remarqueront davantage cette longue cicatrice qui remonte le long du cou... Mais personne ne pourra jamais vous dire qu'il s'agit de Félicien, ni même d'un français. Si vous leur montrez une photo de lui, ils ne le reconnaîtront pas et se moqueront de vous. C'est d'ailleurs ce qui m'est arrivé plusieurs fois lors de ses fugues. Je savais où il était à peu près, grâce à son téléphone, mais une fois sur place, personne ne pouvait m'aider...

En réalité, Charles fait à peu près un mètre quatre-vingt. Je pourrais difficilement être plus précis vu que ça va faire deux ans qu'il n'est pas rentré à la maison. Les gosses, j'vous jure... Deux ans de vacances pour sa mère et moi en tous cas !

Bon, continuons. Sans coloration ni perruque, ses cheveux variaient entre le brun et le chatain foncé. Sans lentilles colorés, ses yeux, eux, étaient... euh... *part chercher un vieux passeport* verts ! Ah, non, c'est pas le bon. Attendez... Les yeux marrons ! Très foncés d'ailleurs, un peu comme du vieux, très vieux bois.

Sinon... il ne ressemble pas à Schwarzeneger, loin de là. Pas qu'il soit tout sec tel un anorexique passant sa vie derrière un ordinateur, non, quand même pas... Mais si Charles a réussi à me mettre K.O. la dernière fois que j'ai essayé de l'empêcher de faire un "petit boulot" pour une ordure, c'est plus grâce à une certaine supériorité en technique qu'en puissance brute... Non, je ne suis pas vieux ! Je n'aurai cinquante ans que l'année prochaine !

Même si j'ai bien compris qu'il était temps de lui laisser mener sa vie à sa manière, pour le meilleur comme pour le pire. Sa mère trouve que c'est irresponsable de ma part... Elle est comique: ce n'est pas elle qui a passé une semaine à l'hôpital avec une mâchoire fracturée.

Pour être honnête avec vous, je vous souhaite bien du courage car, même sans déguisement, il arrive sans problème à passer inaperçu, à se fondre dans le décor comme tous ces gens que vous voyez passer dans la rue, sans même vous en rendre compte.


- Bon... c'est mieux que rien, mais ça ne nous avance pas beaucoup...
- Et j'aimerais pouvoir vous en dire davantage, mais à mon grand regret je n'en sais pas plus.
- Poursuivons alors. Qu'est-ce que vous diriez de lui concernant son profil psychologique ?


Description psychologique -

Mon fils a eu quelques difficultés avec toutes ses identités... On lui a même fait suivre une psychothérapie pendant quelques temps, et il semble que ça se soit arrangé... C'est ce qu'il dit. Je n'y crois pas vraiment. Je pense plutôt qu'il a mené la psychologue en bateau, et par le bout du nez. Mais comme je vous l'ais dis, c'est à lui de voir maintenant.

En dehors de ces considérations, je dirais que Charles est du genre à ne jamais laisser tomber, quoiqu'il arrive. Plutôt téméraire que courageux, avec une sorte de logique qui lui est propre. Pour expliquer ça très simplement, il réfléchit différemment de tous ceux que je connais, ce qui peut tout à fait mener à des coups de génies sans pareil, comme à des échecs des plus cuisants.

Je pense que vous le trouverez plus souvent dans une gare, un train, un aéroport, un avion ou même un porte-containers ou un pétrolier que sur les bancs de la fac. Il a le voyage dans le sang, et ça se voit au léger sourire qui se forme sur ses lèvres dès qu'il entend les cornes de brumes des bateux, voit passer un avion ou sent sous ses pieds un de ces tapis roulants qu'on ne trouve que dans les aéroports internationaux...

Enfin, il est parfaitement incapable de mener une vie honnête, ce qui fait que son extrême franchise dans certains cas peut parfois surprendre. Charles a une sorte de morale, de code de vie, que tous ne partagent pas, même dans notre milieu... mais dès qu'il s'agit des affaires, seul compte son intérêt. Tant que ça rapporte, que c'est plus ou moins dans son domaine et qu'il trouve que c'est "distrayant", il le fera.


- Honnêtement, vous me cachez quelque chose ? Parce que je ne vois pas trop ce qui pourrait nous aider là-dedans.
- Honnêtement ? Non, je ne vous cache rien. À la limite, vous pourrez savoir que c'est lui qui a fait tel ou tel casse grâce à ça. C'est de cette manière que je sais dans quels pays il passe...
- Je vais devoir vous demander de me raconter un peu son histoire alors, afin d'établir un profil plus précis, qui nous permettrait de le localiser et de l'identifier plus facilement.
- ... Sans problème...


Histoire -

Comme vous le savez maintenant, Charles est né il y a vingt ans. Au cours de toutes ces années, nous avons tenté de lui donner la meilleur éducation possible, ou tout du moins celle qui lui permettrait de survivre dans notre monde. Tenté, et même réussi je dirais. Enfin, réussis... de mon point de vue. Du vôtre aussi, probablement. Nous ne l'avons jamais laissé rester plus de deux ans dans un même pays, ni moins d'ailleurs. Deux années pendant lesquelles il devait apprendre à parfaitement maîtriser la langue nationale tout en poursuivant à côté un programme scolaire "normal", en plus du reste.

Ça n'a pas été facile, je le reconnais. À la "maison", on lui apprenais à jouer de la musique, à se défendre... Pour ensuite poursuivre en lui enseignant "le métier", comme on dit... Je le forçais aussi à lire un livre tous les trois jours, et ce dès qu'il a su lire et écrire. Il devait, au cours de ces trois jours et par écrits, me dire ce qu'il en pensait, et en synthétiser les données pertinentes par rapport à une question que je lui posais, en commençant par le club des cinq histoires que ce ne soit pas trop dur pour en arriver aux "classiques" en sixième. Ce fut ensuite le tour des ouvrages de géopolitique et d'histoire en fin de collège, pour finir avec les revues scientifiques au lycée. Il s'agissait toujours de textes provenant du pays où l'on vivait au même moment. Franchement... je ne suis pas vraiment surpris qu'il soit partis dès qu'il l'a pu...

Les quatre premières années se sont passées en France, dans une maison de Normandie. Ce furent ensuite deux ans à Paris, afin de ne pas trop le dépayser, puis deux autres années au Royaume-Uni, suivies de deux ans en Allemagne. Après nous sommes partis pour deux ans en Italie, avant d'aller habiter deux autres années en Amérique, et ensuite deux ans au Japon avant de finir par deux années en Russie...

C'est à la fin de notre séjour en Russie qu'il a disparu. Il n'avait jamais essayé avant. Sa mère et moi nous sommes levés un jour, et il n'était plus là. Je pourrais difficilement vous aider davantage de quelque manière que ce soit concernant sa vie vu que, pour tout vous dire, il n'en avait pas. De plus, vu la vie qu'on lui menait Charles ne serait certainement jamais venu nous confier quoi que ce soit. Il y avait comme une sorte de façade, de masque derrière lequel personne n'a jamais pu jeter le moindre coup d'œil.

Par exemple, à l'école... aucun professeur n'a jamais fait le moindre commentaire sur lui, que ce soit en bien ou en mal. Au collège, pareil... Au lycée, idem... Tout juste m'a-t-on dit une fois qu'on ne l'entendait pas souvent, voire même jamais. À croire qu'il aurait pu disparaître du jour au lendemain sans que personne ne s'en aperçoive...

Mais je peux vous assurer que ça, c'est du passé. Vous avez entendu parler du casse de la salle des coffres du Crédit Lyonnais, récemment ? C'était lui, avec une petite équipe de gens qu'il a dû rencontré au cours de ses voyages les deux dernières années. Il semble avoir rencontré beaucoup de monde, et sympathisé avec tout autant. Honnêtement, je n'ai pas la moindre idée de comment mon fils a vécu son histoire, et je ne sais pas davantage comment il vit maintenant...

- Ça ne nous aide pas beaucoup, dites-moi.
- Si c'était facile, je le ferais moi-même, monsieur Squarcini...
- Bien sûr, bien sûr... Oui, évidemment. Eh bien... je vais voir ce que nous pouvons faire pour vous, et... nous le ferons... du mieux que possible.
- J'y comptais bien. Dans ce cas, je vous souhaite une bonne journée, monsieur Squarcini. Je suppose que vous retrouverez tout seul le chemin de la sortie ?


"Le Vent", sans se lever, un sourire au coin des lèvres, lui indique de la main la porte du bureau. Le Directeur de la DCRI, lui, se lève et tente de serrer la main de son interlocuteur, lequel la pose sur son bureau, déjà affairé à autre chose.
Bernard Squarcini, perplexe, finit par sortir et retrouve son aide de camps. Ils sortent de l'immeuble sans échanger un mot, jusque dans la voiture.

- Dites, Tregomain... à quel société appartient ce bâtiment ?
- Eh bien, justement monsieur le Directeur... à personne. Il doit d'ailleurs être entièrement démoli dans une demie-heure.
- Et nous n'aurions pas le temps d'envoyer une équipe relever de l'ADN ainsi que des empreintes ?
- Je crains que non, monsieur le Directeur.
- Tant pis.



C'est une relation complexe qui unit les multiples services de renseignements français et la famille Félicien...
Une entente cordiale, bâtie à coups de services rendus d'un côté comme de l'autre, chacun regardant surveillant constamment ses arrières et faisant tout son possible pour pouvoir être le premier à porter le coup de poignard dans le dos de son allié.

C'est en ruminant ses sombres pensées que le Directeur survolait ses notes, vidant d'un trait son café alors que la voiture s'enfonçait dans les rues de Paris.
Non loin de là, descendant tranquillement les escaliers "Le Vent", ou plutôt Auguste Félicien de son vrai nom, avait l'esprit envahi des mêmes pensées tandis qu'il sirotait sa tasse de thé.


Rang souhaité: Bloody hell...

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