Chez Ades [PV Ades (non, sans blague ?)]

« Nous avons une nouvelle mission pour vous. Certains de nos services ont entendus parler des travaux d’un certain Tiert dans la génétique. Malheureusement, il est mort et son laboratoire est resté introuvable. Nous avons en revanche put obtenir l’adresse d’un de ses … cobayes. Seriez vous capable de vous introduire là bas pour dérober un fragment d’ADN, ce ne devrait pas être un exercice trop complexe, n’est-ce pas ? »

Un fragment d’ADN ? J’hallucine... Ils pensent que ça se trouve comme ça ou quoi ? Bon… Un peu de sang ? Un bout de peau ? Faisons au plus simple. Un cheveu suffira. Préparation rapide, c’est juste un appartement, pas trop dur de forcer la porte normalement. Adresse en main, je n’attends pas plus longtemps. Dans une heure, il fera nuit. Autant me débarrasser de cette mission au plus vite. Une fois dehors, je me dirige vers le centre de Berlin. Je m’engage dans une rue adjacente et cherche l’immeuble. Trouvé.

Cinquième étage. Appartement numéro 13. Je ne suis pas superstitieuse, mais 13 quand même… 22h. La nuit est bel et bien tombée, je colle mon oreille un instant à la porte. Aucun bruit. C’est bon, je peux y aller. Je force la serrure, facile, comme je l’esperais, et entre.

Le plus surprenant n’est pas le fait que cet appartement soit immense, ni celui qu’il a l’air totalement abandonné. Non, ce qui frappe en premier, c’est le manque total de meuble. Il n’y a absolument rien ici. Pas une plante, pas un lit, pas un tapis, même la cuisine déjà intégrée est vide et morte. La seule chose présente ici, c’est un matelas au milieu de la pièce, cachant plusieurs livres. Dessus, se repose le fameux cobaye dormant paisiblement. Retenant ma respiration, je m’avance vers la seule porte de l’appart, qui donne forcement sur la salle de bain.

Spoiler:

Sur le matelas, le corps qui reposait n'était pas aussi endormi qu'on aurait pu le penser au premier abord. En fait, il était même tout ce qu'il y avait de plus éveillé. Et ce depuis déjà quelques secondes, Ades avait entendu un bruit dans le couloir. Il s'était donc réveillé, comme de nombreuses fois toutes les nuits, mais par chance, il n'avait pas besoin de dormir beaucoup. Il avait ainsi pu suivre pas à pas la progressin de l'intrus, car c'en était bien un. la preuve en était qu'il était maintenant dans l'appartement vide du jeune homme.

Déjà, sa main avait glissé sous son oreiller, une cachette classique mais ô combien efficace, pour se saisir du pistolet à silencieux qui s'y trouvait. Il attendit tranquillement, pas tellement pressé puisqu'il savait pertinnement que l'autre le croyait endormi et qu'il n'en voulait pas à sa vie. Après tout, un tueur intelligent aurait déjà accompli son oeuvre. Il décida de bouger quand l'intrus serait arrivé à la porte de la salle de bain, ce qui ne prit pas trop de temps puisque c'était apparemment par là qu'il se dirigeait. Ades compta lentement jusqu'à trois et se redressa d'un bon, armant son arme en la braquant sur la personne.

- Un geste et vous êtes mort ... morte.

En effet, l'intrus était une intruse. Une jeune femme en tenue classique pour les vols de nuits, lui devait faire pâle figure dans son caleçon sombre mais cela lui importait peu qu'elle voit ses tatouages. Sans se décontenancer, sa voix égréna les questions lentement et froidement.

- Qui êtes vous ? Que voulez vous ? Donnez moi une raison de ne pas tirer.

- Un geste et vous êtes mort ... morte.

De profil par rapport au « cobaye », je ferme un instant les yeux et me mordille l’intérieur de la lèvre. Les quelques consignes de sécurité à respecter lorsque quelqu’un pointe une arme sur vous me reviennent rapidement à l’esprit. Pas de geste brusque, montrer que nous ne sommes pas armé, se tourner très lentement vers ladite personne armé. Et c’est ce que je fais. En rouvrant les yeux, je me tourne doucement, les mains légèrement levées et ouvertes. Je le détailla un instant. Il fait presque ma taille, enfin, je suppose. Difficile à dire puisqu’il se tient debout sur un matelas. Je pose mon regard quelques secondes sur son caleçon noir qui ressort incroyablement sur sa peau blanche. Puis je lève un tantinet les yeux sur un tatouage constitué d’une étrange forme pyramidal.

Je n’ai pas le temps de le regarder plus en détail qu’il reprend :

- Qui êtes vous ? Que voulez vous ? Donnez moi une raison de ne pas tirer.

Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Pas très original. Bon, est-ce que lui donner mon prénom est une mauvaise idée ? Sûrement, ouais. Je doute qu’il existe beaucoup de coréenne dans le coin qui s’appelle Miyuki. Enfin, procédure habituelle, le mensonge.

- On m’appelle Kim. Je viens récupérer ce qu’on m’a demander, et pour la raison, je ne vous veux aucun mal, je ne suis pas armé, je suis une fille et au cas ou ça ne suffit pas, je dirais que vous tâcheriez votre appartement, et que le sang est dur à nettoyer.

Spoiler:

Le jeune homme sourit à peine, faisant un pas en avant pour descendre du matelas, s'offrant ainsi une surface un peu plus stable pour ajuster sa visée. Il reprend calmement, l'arme toujours prête.

- Bonne réponse, "Kim". Vous pouvez m'appelez Tom. Et vous avez tort pour le sang, le silencieux ralentit légèrement la balle, elle percera votre crâne mais n'en fera pas exploser l'arrière. Il n'y aura que très peu de sang et vous serez parfaitement présentable pour l'enterrement. Maintenant que les présentations sont faites, voilà les règles du jeu. Je vais poser des questions, si l'une d'entre elles ne me satisfait pas, je vous tuerais. Je m'occuperais de vos commanditaires plus tard et ne vous en faites pas, je n'ai pas besoin de vous pour les retrouver. Mais vous pouvez rendre les choses plus faciles tout en ressortant vivante. Vous en dites quoi ?

Lentement, Ades s'était avancé vers elle, l'arme pointé directement sur son front. Il donnait ainsi un support visuel à ses paroles, les rendant un peu plus concrête à mesure qu'il se rapprochait de la jeune femme. Il espérait vraiment qu'elle se montrerait coopérative.

- Je me doute bien qu'on ne vous as pas tout dit alors je vais être bref. Vous êtes venu chercher quoi ? Et que vous as-t-on dit sur le pourquoi ?

- Bonne réponse, "Kim". Vous pouvez m'appelez Tom. Et vous avez tort pour le sang, le silencieux ralentit légèrement la balle, elle percera votre crâne mais n'en fera pas exploser l'arrière. Il n'y aura que très peu de sang et vous serez parfaitement présentable pour l'enterrement.

Il a fallu que je tombe sur un fana d’arme à feu en plus… Espérons simplement qu’il résiste à l’envie de se servir de son jouet. C’est que c’est dangereux ces petits trucs mine de rien.

- Maintenant que les présentations sont faites, voilà les règles du jeu. Je vais poser des questions, si l'une d'entre elles ne me satisfait pas, je vous tuerais. Je m'occuperais de vos commanditaires plus tard et ne vous en faites pas, je n'ai pas besoin de vous pour les retrouver. Mais vous pouvez rendre les choses plus faciles tout en ressortant vivante. Vous en dites quoi ?

Rassurez-moi, il n’est pas sérieux là hein ? Bon, vu la façon dont il me regarde, il a l’air de l’être. Très bien, c’est parti alors. Il suffit d’être convaincante. Ça devrait pas être trop dur. Et au cas ou les choses s’emballerait, il est plus petit que moi, et n’a aucun muscle. Je devrais m’en sortir sans trop de dommage.

- … Je vous écoute. Je n’ai pas vraiment le choix de toute façon.

Et c’était vrai. Entre mourir ou répondre à des questions, le choix n’était pas trop dur à faire. Après, il y a répondre et répondre.

- Je me doute bien qu'on ne vous a pas tout dit alors je vais être bref. Vous êtes venu chercher quoi ? Et que vous as-t-on dit sur le pourquoi ?

Oh ça va, elles étaient faciles celles là.

- Je suis venu jusqu’ici pour une raison simple. Vous représentez apparemment un danger, ou quelque chose du genre. Du coup, je viens rassembler des preuves. Un cheveu me suffira. Pourquoi ? Je n’en ai aucune idée. Je peux y aller maintenant ?

Le problème quand on avait affaire à des hommes de mains, c'est qu'on ne pouvait jamais discerner la mince frontière entre le mensonge et l'ignorance. C'était d'ailleurs devenu un bouclier efficace utilisé par nombre de tueurs et de voleurs professionnels. Ils n'en évitaient bien évidemment pas une exècution mais ils évitaient de souffrir de longs interrogatoires inutiles : ils ne savaient rien. Ainsi, comment deviner si cette jeune fille disait la vérité ou si elle essayait de dissimuler un gros mensonge derrière ses paroles ? Ades lui-même s'avérait incapable de lire dans les esprits et son attitude corporel ne lui apprit pas grand chose. Un peu nerveuse mais c'était totu à fait normal compte tenu du fait qu'elle avait une arme braqué sur elle. Le jeune homme ne prit que quelques secondes à rérfléchir à sa prochaine action et sourit lorsqu'il l'entama, déclarant simplement.

- Oui, vous pouvez partir.

Il abaissa à peine son arme. Signifiant ainsi que la période de tension était passé.

- Je pense que je n'ai rien à craindre de quiconque, je n'ai encore fait de mal à personne. Et les services de l'immigration n'ont pas pour habitude d'envoyer des gens comme vous.

Techniques classiques : Faire semblant d'en révéler pour faire croire à une baisse de l'attention.

- Cependant, vous comprendrez que je ne sois pas d'accord pour que vous emportiez ce que vous chercher. Aussi, je vous serais reconnaissante de sortir d'ici. A une prochaine fois peut-être.

Il lui désigna la porte de la tête, restait à savoir comment elle allait réagir. Elle pouvait très bien partir et retenter un autre soir mais le même problème se poserait. Elle pouvait aussi tenter de profiter de la soi-disante inattention subite du jeune homme et alors, ce serait l'occasion pour lui d'en apprendre un peu plus. Ou non. Mais Ades aimait bien tenter des coups ainsi ...

Les services de l'immigration ? Interressant dites-moi. M'enfin, ça, c'est pas mon affaires. Peu importe ce qu'il fait, on m'a juste demandé un cheveu à moi alors... Cheveu qu'il vient à peine de m'interdir. Hum... Il va pas me prendre la tête longtemps, je suis pas venu pour rien hein. On ne me paye pas à rien faire comme les fonctionnaires. Parce que même si c'est juste pour un cheveu, je risque ma vie. Pas convaincu ? Je vous rappelle le coup de l'arme pointé sur mon front ou ça ira? Bref, je vais donc profiter de ce petit moment de baisse d'attention pour agir, tout en finesse.

- A votre guise, Tom.

Ce n'est qu'au moment ou je m'abaisse pour lui faire une balayette que je rajoute un "ou pas". Avec ça, il se retrouvera vite par terre et j'aurais l'avantage. Et vu sa masse musculaire, c'est comme un combat gagné d'avance.

Bon alors, elle se décide à réagir oui ou non ? Ce n'est pas qu'Ades soit particulièrement pressé de passer à la suite mais tout de même, cela l'arrangerait bien si elle pouvait se dépêcher de bouger. Il venait de lui offrir une occasion en or alors soit elle était trop faible pour la saisir, soit elle le faisait maintenant. Par chance, elle choisit de le faire maintenant, elle parla mais ce n'était qu'une manoeuvre de diversion, il la fixa du regard pour anticiper son mouvement. Une balayette, rapide, efficace, chiant à parer, le coup parfait. A l'exception près qu'il avait une arme en main et pouvait renverser la vapeur dès qu'il le voulait. Mais il ne le voulait pas, d'un spasme simulé, il balança l'arme à travers la pièce alors qu'il positionnait son autre main pour se réceptionner sans trop de douleur et rouler un peu plus loin. Il était en position de faiblesse et désarmé, qui plus est, il s'était mis à étrangement tremblé, c'était maintenant ou jamais.

C'était le moment ou jamais. Désarmé et à terre, il était la cible parfaite. Pour éviter toutes surprises du genre "j'ai toujours une autre arme dans mon caleçon", je m'assied rapidement à califourchon sur son ventre et lui attrappe les poignets. Ce n'est qu'une fois que je me calme un peu que je remarque qu'il tremble. Il a peur ? Non, ça ne peut pas être ça, c'est autre chose... Mais quoi ? D'un regard dur et obstiné, je passe à un regard interrogateur et surpris. On dirait simcèrement qu'il souffre. Je ne le prend pas en pitié, mais c'est pas mon boulot de faire souffrir des personnes qui ne m'ont rien fait. Je pense déjà à une côte ou un bras cassé, ce qui ne serait pas étonnant vu l'air fragile qui dégage de lui. Bon là, c'est un peu par pitié, mais surtout par peur que je lui demamde :

- Euh... ça va ?

Mais Ades ne peut pas répondre, il ne peut même plus réfléchir. Son esprit semble avoir pris congé alors que son visage n'affiche plus qu'une expression de douleur insoutenable. Le contact est trop intense, trop grand, trop présent. Chacune des fibres de son être veut se défendre mais il en est bien incapable. Submergé par des mesages de douleur venus des quatres coins de son corps, le cerveau finit par rendre son tablier. Mais le jeune homme n'arrête pas de trembler, cela empire même, passant à des convulsions évidentes. Enfin, il s'arrête, enfin l'accalmie. Il s'est immobilisé, les yeux écarquillés en fixant le plafond, le dos voûté bizarrement et les mains retombant vers le sol. Il reste ainsi pendant plusieurs longues secondes avant de s'effondrer, refermant les yeux. Ades s'est évanoui.

- ... Okay, on reste calme.

D'abord, penser à la mission. Je sors rapidement une pince à épiler, j'arrache deux ou trois cheveux au sujet que je met précieusement dans un sachet hérmétique. Voilà, ça, c'est fait, j'ai ce qu'il me faut. Maintenant, je peux m'inquièter de l'état physique du "blessé". Vérification du rythme cardiaque au niveau du cou... Fait. Trop rapide d'ailleurs pour un inconscient. Mais au moins il est vivant. Je me relève donc, range le sachet dans une poche interne et hésite un instant. Je le replace sur son matelas ou non ? Oh, avec un peu de chance, s'il se réveille dessus, il pensera à un mauvais rêve. J'ai rien à perdre de toute façon. Délicatement, je le tire par les bras et le fais glisser jusquà son "lit", le borde, puis souris. Voilà, je peux partir tranquillement.

Quelques secondes à peine après que la jeune femme n'ait fermé la porte, Ades se redressa sur son lit, un léger sourire sur ses lèvres. Oh bien sûr, il détestait la sensation qu'il avait quand on le touchait mais elle lui fournissait de grandes informations. Cette jeune femme était une espionne comme une autre mais elle était encore nouvelle dans le métier : encore suffisamment de scrupules pour le mettre sur le lit mais pas assez pour en faire plus. Sans attendre plus, le jeune homme fonça vers la salle de bain, saisit au passage un grand imperméable noir et s'en couvrit avant de prendre des chaussures noires elle aussi pour descendre par l'escalier de secours. Il descendait à toute vitesse, le froid le mordait mais il s'en fichait, il baissa les yeux, sortant une petite casquette d'une poche pour la mettre et baisser la tête. Il avança jusqu'à la rue, cherchant à trouver la jeune femme, prêt à la suivre. Il referma encore mieux son grand imperméable, non pour se protéger du froid mais pour camoufler son absence de tenue.

Porte fermée, direction les escaliers. Pourquoi les escaliers alors que je suis au 5° étage et que l’immeuble s’est payé le luxe d’un ascenseur ? Parce qu’il peut se passer tellement de chose lorsqu’on est enfermée dans un petit mètre carré. Je descend rapidement, enchaîne les marches deux à deux alors que je commence à me déshabiller, puis me cache dans une alcôve quelques secondes, le temps de remplacer ma combinaison par une jupe et un petit haut à dentelles, cachés par un long manteau noir. Je replace le reste dans mon sac, relativement bien plié, le plus important, c’est que ça rentre, et me voilà apte à me balader dans la rue. A peine la porte passé, le vent froid s’engouffre dans mes vêtements pour aller caresser ma peau meurtrie. Je frisonne du pied à la tête et sert le sachet qui contient les cheveux du sujet dans ma main. Je m’éloigne dans la rue sombre, croisant au passage un groupe de jeunes bourrés qui sentent la marijuana à des kilomètres et qui ne manque pas de m’interpeller vulgairement. Je hais ce genre d’abrutis, mais passe outre mesure et continue mon chemin, vérifiant assez souvent que je ne suis pas suivie. N’hésitant pas à faire des détours, je passe par plusieurs ruelles non éclairées espérant que si je suis suivie, on m’agresse ici plutôt que chez moi, pour éviter de mettre ma famille en danger. N’ayant rien remarqué d’étrange, je fini par rentrer, ferme la porte à clef et file dans ma chambre sans bruit.

Comme si une vulgaire porte fermée pouvait arrêter Ades. Il ne savait pas exactement pourquoi mais son instinct lui disait d'avancer et de ne surtout pas se laisser arrêter, il avait besoin de savoir pourquoi cette fille était venu chez lui. Le problème ne venait pas du fait qu'elle lui avait pris quelque chose, en fait il s'en fichait comme de l'an quarante, mais il devait savoir pourquoi, il devait comprendre ses raisons. C'était vital, ça lui brûlait la tête. Il DEVAIT savoir. Et cette nécessité le poussa à apprendre bien plus vite que n'importe quel motivation.

Son père adoptif lui avait montré comment crocheter une serrure mais c'était il y a bien trop longtemps et il n'avait même pas le matériel adapté sous la maiN. Pourtant le jeune homme fouilla dans ses poches en tremblant, le froid commençait à avoir un effet. Alors qu'il sentait de plus en plus le vent passer sous son imperméable et mordre sa peau blafarde, il se concentrait sur son objectif : ouvrir cette fichue serrure. Enfin, il y eut un petit claquement sec qui n'était sûrement pas suffisant pour réveiller quelqu'un et la porte s'ouvrit dans un léger grincement. Ades voulut avancer mais il ne bougea pas. Ses yeux vairons passèrent sur ses mains, elles tremblaient plus fort que jamais. Il n'avait même pas sentit que le froid était en train de le paralyser petit à petit. Dans un effort surhumain, le jeune homme rentra à l'intérieur et se recroquevilla sur lui-même, juste le temps de se réchauffer, ensuite il retrouverait cette fille.

C’est … Jouissif je dirais de retrouver sa chambre et sa chaleur après une mission accomplie avec succès dans le froid glacial d’une nuit de novembre. Une fois enroulé convenablement dans ma couverture noire et épaisse, j’attrape mon ordinateur portable pour y taper les premières lignes de mon rapport pour Elden, mais je n’en fais rien pour le moment. Je suis là, devant l’écran allumé, les doigts engourdis, les yeux dans le vide et emmitouflée dans une couette qui m’étouffe. Tout semble tourner autour de moi. A moins que ce ne soit moi qui tourne. J’ai l’impression de tomber en avant, puis en arrière. Et enfin, tout s’arrête. Un étrange frisson parcourt ma colonne vertébral et je frémis désagréablement du pied à la tête. J’aspire un grand coup et me lève de mon lit pour me mettre en pyjama, pour être plus à l’aise et oublier cet horrible vertige, ce coup de pression qui m’a envahi trop rapidement. Une fois en légère chemise de nuit, je redescend dans la cuisine pour me préparer un grand verre de jus de pamplemousse. La lumière du frigo éclaire faiblement la cuisine, et il me semble entendre une porte grincer. Nouveau frisson désagréable.

- Ewan ?

Le froid continu d'assaillir son corps, il est obligé de bouger à nouveau s'il veut vivre encore un peu. Par chance, l'instinct de conservation est plus fort chez Ades que n'importe quel autre, se recroquevillant un peu plus, il rentre complètement dans la maison et, en dépliant lentement les jambes, il referme la porte derrière lui. C'est à ce moment qu'il perçoit, comme un bruit étouffé, le son d'une voix qui appelle un nom qu'il ne connait. Cette situation lui rappelle vaguement quelque chose mais les souvenirs sont rapidement enfoui à nouveau sous les diverses couches de neurones de son cerveau.

Avec une lenteur maladive, le corps tremblant se relève, ses mains tentant de garder l'imperméable fermé sur lui, maigre protection contre un froid qui l'a déjà beaucoup trop mordu. Il s'avance, une main posé sur le mur pour ne pas tomber, et finit par atteindre la source de la voix. Il s'arrête cependant devant l'encadrement de la porte et manque de tomber. De nouveau il se rattrape au mur, son front se pose sur l'encadrement de la porte mais il peut encore voir la jeune femme dans le léger rai de lumière qui sort du frigo. Ses lèvres bleutés s'ouvrent légèrement pour prononcer d'une voix mal assurée et tremblante.

- Pas ... vraiment.

- Pas … Vraiment.

Comment ? Comment avait-il fait pour se réveiller et s’habiller si vite ? Et la porte ? Elle était fermée, j’en suis sûre à 100%. Je n’oublie jamais de la fermer. Et pourquoi m’avait-il suivi jusque là ? N’avait-il pas plus de facilité à me tuer dans une rue sombre ? Avec le nombre d’occasion que je lui ai donné de le faire dans un coin tranquille, ça relève de la crétinerie. Alors que veut-il ? Pourquoi être venu jusque chez moi ? Paniquée, je reste là, à le fixer, mon verre à la main, tremblante, bouche bée. Enfin, des deux, je ne sais pas lequel est le plus à plaindre. Il a l’air mal, très mal en point, et mon premier réflexe est d’ailleurs de m’avancer vers lui au cas ou il tomberait. Bon en tout cas, je suis en position de force, puisqu’il tient à peine debout. Je reprend petit à petit mes esprits et soupire légèrement avant de boire quelques gorgées de mon jus de pamplemousse. Puis je m’avance vers sa silhouette fine et tremblante, après avoir fermé le frigo, et déclare, légèrement.

- Qu’est-ce que vous faites ici dans un état pareil ? Vous auriez mieux fait de rester chez vous.

- Chez moi ... encore faudrait-il que j'en ai un ...

Le ricanement qui s'ensuit s'éteignit bien vite. Ades commençait à avoir vraiment très froid, il avait beau être à l'intérieur, il était resté trop longtemps dehors. Mais il était allé beaucoup trop loin pour pouvoir reculer maintenant. Alors il essaya de se remettre debout correctement pour fixer la jeune femme de ses yeux vairons. Il tituba légèrement mais réussit par un quasi-miracle à se tenir debout.

- Ecoutez. Je ne sais pas qui je suis, pourquoi je suis comme ça ou ce qui m'est arrivé. Mais je sais que je ne suis pas connu. Alors si quelqu'un vient chez moi, ce quelqu'un sait quelque chose sur moi. Ou plutôt, a été engagé par quelqu'un qui sait quelque chose ... Et dans ma situation, toutes les informations sont bonnes à prendre.

C'est en finissant sa phrase que le jeune homme tomba à genoux, ses jambes frêles n'avaient pas réussis à le maintenir très longtemps en tremblant. Il prit tout de même le temps de finir sa phrase.

- C'est pour ça que j'ai besoin de vous ... Vivante.

Bon… Bah au moins j’ai pas à craindre de mourir. Le voyant ainsi à terre, piteux, tremblant, misérable avec son discours digne d’une série américaine, je ne peux pas m’empêcher de ressentir de la pitié pour lui. Dans un bon geste qui me déçoit presque, je vais dans le salon pour aller chercher une couverture chaude avant de l’enrouler dedans dans un geste maternelle. Il ne sait pas qui il est. Un peu comme un chien errant. Mais qu’est-ce qu’il espère ? Que je lui dévoile sa vie autour d’un feu de cheminée en buvant un bon thé chaud ? Je ne suis pas sa mère, je n’ai fais qu’obéir à des ordres. Dans un ton qui semble embarrassé, je lui répond :

- Je suis tenu par le secret professionnel, vous n’obtiendrez rien de moi. A part peut-être un thé.

Même après qu'il soit recouvert par une couverture bien chaude, Ades n'en cessa pas de trembler mais un sourire s'afficha sur ses lèvres bleutés. Il se tourna vers la jeune femme, ses yeux vairons brillant d'une lueur malsaine.

- Je crains que vous ne deviez rajouter une donnée à l'équation. Je sais où vous habitez et je le nom de votre famille est écrit sur la sonette à coté de la porte ... Comprenez bien que je ne vous veux pas plus de mal que ça. Cependant, je n'ai pas pour habitude d'abandonner facilement.

Il se relève lentement, la couverture retombant sur le sol alors qu'il se lèche les lèvres, faisant peu à peu disparaître le teint bleuté qu'elles avaient pris.

- Après tout, soyez franches. Que perdez-vous à me dire ce qu'ils vous ont dit ? Vous vous imaginez peut-être que je vais aller le crier sur les toits ? De toute façon, vous ne devez pas savoir grand chose puisque vous n'êtes qu'une exècutante de second rang. Alors sincérement, vous devriez me dire tout de suite ce que vous savez. Croyez moi, cela ira vite et ce sera mieux pour tout le monde ...

Une exécutante de second rang ?! Mais pour qui il se prend lui ? Il menace ma famille et en plus, il me réduit au rang de simple marionnette. Non mais je rêve ! Ça m’apprendra à être gentille tiens. J’en reviens pas, c’est vraiment la meilleure ! Bon en même temps… J’suis venue chez lui, je lui ai arraché des cheveux et j’suis parti en le laissant à moitié mort… M’enfin c’est pas une raison ! Aller va… On garde son calme, on sourit, on respire profondément et on reste digne.

- Comme vous l’avancez vous-même, je ne suis qu’une …

Oui, le terme avait du mal à sortir. Après tout, c’est quand même toute ma fierté que je met de coté en disant ça.

- Exécutante de second rang. Vous pensez qu’on discute de chaque clients dans des fauteuils confortable après avoir été faire un golf ? Vous m’avez l’air relativement naïf en me demandant de vous dire ce que je sais. Il n’est pas nécessaire de menacer qui que ce soit. Je vous l’ai déjà dis, vous n’obtiendrez rien.

Le jeune homme eu un étrange sourire et s'approcha lentement de Miyuki. Aussi dangereusement pour lui que pour elle mais toujours avec un grand sourire aux lèvres bleues, son regard bancal se plongea dans les yeux de la jeune femme alors qu'il égrenait d'une voix douce, soufflant à peine ses mots.
- Vous savez ... en principe, je devrais vous tuer vous et votre famille pour que jamais vos employeurs n'obtiennent ce qu'ils veulent ...
Il avança encore un peu la tête pour être à a peine quelques centimètres du visage de la fille. C'est vrai qu'il aurait pu la tuer, il avait le matériel nécessaire dans les poches de son manteau. Imperméable qui s'était d'ailleurs entrouvert quand il avait avancé vers elle mais ce n'était pas important, il faisait chaud maintenant.
- Mais comme vous m'avez offert une couverture et que vous m'avez l'air relativement sympa. Je pensais repartir sans rien ... Vous en pensez quoi ?

Il commence à se rapprocher, lentement, au début, je ne bouge pas, je l’observe, le fixe, mais une fois qu’il commence à parler, c’est tout un immonde frisson qui vient me lécher le dos. A mesure qu’il approche, j’ai de plus en plus envie de reculer, mais ce n’est qu’au dernier moment que je fais un pas en arrière, et c’est légèrement exaspérée que je répliquais :

- Pour une personne qui n’a pas pour habitude d’abandonner facilement, vous me décevez.

… Mais pourquoi, pourquoi fallait-il que je l’ouvre ? C’était fini, il partait ! Bah non, voilà, y’a fallu que je provoque encore un peu, on sait jamais, j’aurais peut-être pu m’en sortir hein … Aller bon, je continue de le fixer calmement, ça devrait passer

Un seul petit pas de plus et Ades se retrouvait à nouveau tout proche de la jeune femme, elle serait bientôt dos au mur. Ce serait une parfaite symbolique avec ce qu'il envisageait. Toujours d'une voix douce, non doucereuse, presque susurrante, il parla lentement.
- J'ai dis que je partais. Je n'ai pas dit que je ne reviendrais pas ...
Lentement, il sortit un couteau de sa poche et le laissa tomber à terre.
- Vous garderez ça ... Un petit souvenir.
De la même façon, il lâcha son imperméable et le laissa tomber à terre dans un léger bruit métallique qui trahissait le nombre d'arme qu'il contenait. Ades prouvait ainsi qu'il n'avait plus d'intention belliqueuse vis à vis d'elle puisqu'il n'avait plus vraiment de coin dispo pour planquer une arme.
- Je pense qu'on se reverra ... Murmura-t-il doucement.

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