Mission Ayhié [PV Miyuki]

Cela faisait longtemps que le rouquin n'avait pas reprit du service. Une bonne semaine. Pas qu'on ne lui proposait aucune mission, juste qu'il les avait toutes refusées, les trouvant trop simple ou trop peu payé à son goût.
Mais ce matin-là, accompagnée de son petit déjeuner gentiment apporté par une servante dans son bureau, une lettre était posée sur son plateau. Anonyme, bien entendu. Le jeune homme l'avait alors ouverte en sirotant tranquillement son premier café de la journée (et donc, le plus important), bien installé dans son fauteuil.

" Mr Banks,

Vous êtes un des meilleurs et j'ai besoin de vous. Il y a une coquette somme d'1 million d'euro qui dort paisiblement dans un compte en Suisse. Si vous éliminez la cible, je vous transmettrais le numéro du compte et cet argent sera tout à vous.
J'ai joint à cette lettre les coordonnées de la cible.

Respectueusement

X "

X ? Quelle originalité ! Pourquoi pas Z ou B de temps en temps ? Non, c'est toujours X.

Juuki chercha dans l'enveloppe et en sortit l'adresse de sa cible, ainsi qu'une photo d'elle, son âge, et son métier.
Il examina la photo pendant un petit moment, et en arriva à la conclusion qu'elle était plutôt mignonne. Dommage. Mais bon, le boulot, c'est le boulot. Et il était fort bien payé celui-ci. 1 million d'euro pour une gamine de seize ans. Fingers in the nose. Enfin, il était quand même stipulé que cette jeune fille était une espionne, ou une voleuse, et qu'elle devait donc être agile et intelligente. Mais était-elle assez rapide pour éviter les balles d'un 9mm ? Le rouquin en doutait fortement. Il était le deuxième meilleur tueur à gage de son époque, ce n'était pas pour des prunes.

Il avait décidé de s'occuper de cette mission le soir même, une fois la nuit tombée.
Quand cela fut fait, le jeune homme prit une de ses voitures et rejoignit la ville. Il devait être plus de 23h lorsqu'il s'arrêta dans une rue déserte, où de jolies petites maisons bordées de jardins s'alignaient joliment. Certaines semblaient totalement endormit, d'autre avaient juste leurs volets fermés mais on se doutait que les personnes qui y vivaient étaient encore éveillés, et puis il y avait celles qui étaient toute allumée et où on pouvait distinguer les silhouettes des habitants depuis les fenêtres.
Juuki vérifia sur son papier si la maison devant laquelle il s'était arrêté était la bonne, puis il ouvrit sa boite à gant en en sortit un flingue auquel il fixa un silencieux. Il voulait que ça soit fait le plus discrètement du monde, et que ça soit propre aussi.
Au bout de quelques minutes, il sortit silencieusement de sa voiture, et lentement, s'approcha de la maison. Il sauta par dessus le portillon et avança à pas de loup jusqu'à la porte. La maison semblait silencieuse, l'entrée devait donc être fermée à clef. Mais à sa grande surprise, ce ne fut pas le cas. Il rentra donc dans la charmante maisonnette et tendit l'oreille, son flingue à la main.
Il y avait du bruit à l'étage. Il monta donc silencieusement les escaliers, l'arme à la main, prêt à tirer au moins mouvement suspect. Le couloir n'était pas éclairer, et Juuki suivit donc le bruit. C'était un son d'eau qui coule. Quelqu'un devait donc prendre sa douche. Au mieux, c'était sa cible, au pire, ça ne l'était pas et il devrait descendre cette personne. Aussi poussa-t-il une porte qui donnait sur une chambre. Chambre de jeune fille, il n'y avait pas de doute là dessus. A moins que le frère soit un travesti qui porte des jupes et qui met des soutiens-gorge. La salle de bain était adjacente à la chambre, et c'était de là que provenait le bruit. Juuki se prépara alors, se mit en position et ouvrit brusquement la porte en braquant son arme sur la silhouette de la jeune fille

__ Miss Ayhié, j'ai une balle pour vous.

Plic, plac.

Enfin un instant de calme. Enfin seule à la maison. Ewan et maman étaient de sorti. L’un à un concert, l’autre à un centre thermal avec une amie. Tous deux avaient accepter sans poser la moindre question les billets offerts. J’étais seule, et c’était tant mieux.

Plic, plac.

22h30. La nuit était tombé depuis un bail en cette douce soirée d’automne. La salle de bain était peu éclairée, puisque les seules sources de lumière étaient une poignée de bougies disposées tout autour de la grande baignoire ainsi que la petite ampoule au dessus du plus grand des miroirs de la pièce, estompé par la buée que produisant l’eau bouillante qui me chatouillant la peau, devenue rouge à certains endroits.

Plic, plac.

Le doux mélange bleu et rose de la salle de bain renvoyait toute l’intimité que dégageait la pièce. Seuls les gouttes qui s’échappaient du robinet et le faible bruit que je faisais en respirant troublaient l’intense silence qui régnait ici. J’étais calme. A quoi cela aurait-il servi que je ne le sois pas ? Oui il viendra ce soir. Oui j’étais sans aucun doute en danger de mort. Mais ça ne sert de toute façon à rien d’être stressée, je n’en serais pas moins en danger.

Plic, plac.

Oui, c’est ce soir, c’est dans quelques instants que je risquerais ma vie, encore une fois… Heureusement qu’ils étaient plus compétents pour me prévenir des potentiels tueurs à gage qu’ils ne l’étaient pour me fournir des plans et des informations. Bande d’incompétents. Enfin, je suis toujours en vie, peut-être grâce à une de leurs mises en garde, alors je ne vais pas trop me plaindre non plus.

Plic, plac.

Tiens, le voyant lumineux reste allumé. Serait-il arrivé ? C’était plutôt une bonne idée d’installer un détecteur de mouvement et de chaleur au dessus de la porte d’entrée. Disons qu’il m’est bien utile dans les moments comme ça. J’aurais espéré avoir un peu plus de temps pour me rhabiller, mais tant pis, on fera avec. Sortant du bain, je me ressuis les cheveux et le corps, allumant la douche et faisant couler de l’eau bouillante dans le vide pour faire un peu plus de buée, puis éteint une ou deux bougies. Il est là, je l’entend. Bon… Même pas moyen d’aller dans ma chambre chercher un petit truc à me mettre sur le dos. Ca va être plus compliqué que prévu tiens. Une serviette fera l’affaire. Soigneusement nouée juste au dessus de la poitrine, cheveux attachés aux pointes légèrement humides, et beaucoup de buée dans la pièce. Parfait ! Plus qu’a attendre, tapis dans mon coin, près de la porte. Porte qui met d’ailleurs un petit bout de temps à s’ouvrir… Il s’est perdu ou quoi ?

Après quelques lourdes secondes à écouter la douche couler, la porte s’ouvre enfin sur un grand roux, qui ne perd pas son temps et vise tout droit vers la douche. Bingo. Le coup de la brume, c’est vieux comme Erod, mais tellement efficace.

__ Miss Ayhié, j'ai une balle pour vous.

Intérieurement, je rigole, à m’en pincer les lèvres. Mais à l’exterieur, et par un procédé miraculeux que j’arrive pas vraiment à expliquer là tout de suite, j’arrive à rester la plus sérieuse possible en braquant ma propre arme « préttée pour l’occasion » vers sa tempe.

- Tiens c’est marrant, moi aussi.